L'Angola rend un dernier hommage dimanche à son ex-président, José Eduardo dos Santos, qui a marqué l'histoire du pays par 38 ans d'un règne autoritaire, entaché d'accusations de corruption et de népotisme, laissant aujourd'hui un héritage controversé.
Ces funérailles nationales organisées à Luanda, interviennent quelques jours après que le pays s'est rendu aux urnes pour des élections législatives disputées, qui doivent décider du prochain chef d'Etat.
Les résultats préliminaires qui comptabilisent 97% des suffrages exprimés et donnent le parti au pouvoir (MPLA) vainqueur, sont contestés par le premier parti d'opposition (Unita). Cinq membres de la commission électorale ont déclaré samedi qu'ils "ne signeraient en principe pas" les résultats définitifs, qui n'ont pas encore été communiqués.
A la tête de l'Angola de 1979 à 2017 sans avoir jamais été directement élu, M. dos Santos est mort le 8 juillet, à 79 ans, dans une clinique de Barcelone où il avait été hospitalisé après un arrêt cardiaque.
Son corps a été rapatrié la semaine dernière d'Espagne, où il vivait depuis 2019. Une querelle avait opposé plusieurs de ses enfants refusant le rapatriement du corps, craignant une instrumentalisation politique des obsèques dans le contexte électoral, au gouvernement angolais qui souhaitait organiser des funérailles nationales en Angola. La justice espagnole a tranché.
En milieu de matinée, les délégations officielles ont commencé à arriver sur la place de la République, dans le centre de la capitale. Une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus pour la cérémonie conduite par l'actuel président Joao Lourenço.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, la Première ministre gabonaise Rose Christiane Ossouka, ainsi que le président de RDC Félix Tshisekedi sont déjà présents.
Vingt coups de canon doivent être tirés, et une minute de silence sera observée. Des représentants de la famille et du parti au pouvoir, le MPLA, doivent prendre la parole. Le cercueil a été exposé au public la veille.
- Poids lourd -
La fille aînée de l'ancien président, Isabel, traquée par les juges pour une série d'enquêtes pour corruption, avait écrit la semaine dernière sur les réseaux sociaux qu'elle ne serait pas présente.
Surnommée "la princesse", son père lui avait notamment confié les commandes de la compagnie pétrolière nationale Sonangol. Elle a été limogée au cours de la vaste campagne anti-corruption menée par M. Lourenço, dauphin de dos Santos qui s'est retourné contre le système une fois élu.
En fin de cérémonie, un cortège funèbre conduira la dépouille au cimetière où l'ex-président sera enterré.
José Eduardo dos Santos a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent avec le Nigeria. Mais il s'est servi de cette manne pour s'enrichir avec sa famille, tandis que le reste du pays restait l'un des plus pauvres de la planète.
Devenu l'un des chefs d'Etat africains à la plus grande longévité, il s'était imposé hors des frontières comme un des poids lourds du continent.
Usé par la maladie, il a quitté le pouvoir à presque 75 ans, en désignant comme successeur l'actuel président, Joao Lourenço, élu en 2017 et proche d'obtenir un second mandat.
Mais le parti historique, si les résultats préliminaires se confirment, enregistre le plus mauvais score de son histoire. Il l'avait emporté haut la main en 2017 avec 61%.
Dans un contexte d'inflation galopante, de chômage et de sécheresse sévère, l'opposition du leader charismatique, Adalberto Costa Junior, 60 ans, gagne du terrain. Plus de la moitié des 33 millions d'Angolais vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
L'opposant séduit aussi la jeunesse, part grandissante de l'électorat, qui rejette l'héritage de dos Santos, symbole de la corruption et du népotisme.
Avant son départ, l'ancien président avait fait passer des lois lui assurant une large immunité judiciaire.
AFP avec ACTUALITE.CD