Le diabète de type 1 est la principale cause de diabète chez les enfants selon un rapport mondial présenté de la Fédération internationale du diabète (FID) en 2019. Celle-ci renseigne également que les personnes présentant ce diabète peuvent mener une vie saine et épanouissante, à la seule condition qu’elles bénéficient d’un apport ininterrompu d’insuline, qu’elles aient accès à l’éducation sur le diabète ainsi qu’à un équipement de test de la glycémie. Dans la capitale de la RDC, des centres proposent gratuitement ces services.
Madame Sifa Buledi est infirmière responsable au centre de santé de la 2ème rue, dans la commune de Limete. Cela va faire une quarantaine d’années, depuis qu’elle exerce. Depuis 2014, elle s’occupe exclusivement des enfants diabétiques dans cet hôpital.
« J’ai fait mes études à l’Institut Uzima de Walungu à Bukavu (Sud-Kivu). Depuis 1980, je suis infirmière. Lorsque le projet sur la prise en charge des enfants diabétiques a été lancé en 2014, j’ai été affectée à ce poste. Depuis, j'y travaille», dit-elle, blouse kaki, babouches médicales et bonnet sur la tête.
Le centre prend en charge environ 400 enfants. En moins de 10 ans, le nombre a presque doublé. « Les cas augmentent. Lorsque je suis arrivée ici, nous avions commencé à prendre en charge autour de 150 enfants. Actuellement, nous avons plus de 400 enfants qui sollicitent la prise en charge. C’est notamment parce que la population congolaise augmente. Plus la population est grande, plus les problèmes de santé s’intensifient, plus les cas de diabètes se multiplient », a-t-elle souligné.
Deux groupes d’enfants
Mis en place et géré par l’Archidiocèse de Kinshasa, le Centre de santé du Bureau diocésain des oeuvres médicinales (BDOM) dit Centre de santé de la 2ème rue est appuyé depuis près de 10 ans par des partenaires. Notamment, la firme pharmaceutique danoise Novo Nordisk, Life for a Child et Memisa. Ce qui a permis de répartir les enfants en deux catégories.
« Nous avons deux projets. De 0 à 18 ans et de 18 à 26 ans. Mais nous pouvons aller au-delà de 26 ans pour certains enfants dont les conditions de vie ne permettent pas d’arrêter notre assistance. Nous prenons en charge les femmes diabétiques enceintes ou des femmes enceintes qui développent le diabète gestationnel. Elles sont assimilées durant toute la période de la grossesse et trois mois après l'accouchement. Nous ne disposons pas d’installations pour interner les enfants malades. Ils viennent au rendez-vous chaque lundi et jeudi. À leur arrivée, nous programmons les consultations auprès du médecin, nous en avons trois. Après cette étape, ils passent prendre ce qu’il faut. Mais toute la semaine, nous sommes disponibles pour l’enregistrement des nouveaux cas et pour combler certains besoins qui peuvent surgir » explique Mme Buledi.
Et de renchérir, « les lots de médicaments et tout le matériel nous sont fournis chaque mois par nos partenaires. S’il se trouve qu'un lot est épuisé avant la fin du mois, nous contactons nos partenaires et ils nous ramènent de nouveaux stocks. Cette prise en charge comprend l’accès gratuit aux différents types d’insulines, l’appareil pour leur faciliter le test de la glycémie, le Lancet, les seringues ainsi qu’une éducation sur le diabète. Ils ont des carnets pour inscrire la date et l’heure du prélèvement de la glycémie ".
Vulgarisation, formation, multiplication
Ce centre n'est pas le seul opérationnel à Kinshasa. En dehors des formations sanitaires privées qui offrent des soins payants, quatre autres projets dédiés aux enfants et adultes diabétiques ont été ouverts à travers la ville. Il s'agit de la Clinique Boyambi (Armée du Salut) dans la commune de Barumbu, la Clinique Mont-Amba (Commune de Mont-Ngafula), Saint Sacrément à Mbinza UPN, (commune de Ngaliema), de Lunda à Masina Quartier 03 près de la station.
En termes de recommandations, Sifa Buledi plaide pour la formation des infirmiers à Kinshasa, et surtout dans les provinces pour la prise en charge des diabétiques. " Il y a beaucoup de contradictions à réparer dans la prise en charge des cas. L'État congolais devrait également appuyer ces différents centres, communiquer autour de la maladie et rassurer la population, une personne diabétique peut mieux mener sa vie lorsqu'elle respecte nos recommandations. Il faut également multiplier les centres à travers le pays", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, à la 1ère rue Limete, le Centre d’Education Diabète et Santé (CEDS) complète les services offerts par les différents centres de santé. Ce centre s’est assigné pour mission de contribuer à la prévention du diabète et toute autre maladie non transmissible, par la sensibilisation, l’éducation ou la diffusion de l’information et l’amélioration de la prise en charge du diabète par la formation des soignants et des personnes atteintes du diabète.
Tous les mercredis avant-midi, le CEDS reçoit des diabétiques, des enseignants, des médecins, infirmiers ou tout autre personne désireuse d'en savoir plus sur le diabète.
Pour rappel, plus de 1,1 million d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes de moins de 20 ans sont atteints du diabète sucré dans le monde, selon FID. En 2021, cette organisation signifiait dans une lettre au ministre congolais de la santé que le nombre des jeunes diabétiques n’est pas exactement connu en RDC.
Prisca Lokale