Guerre en Ukraine: la croissance du commerce mondial pourrait être divisée par deux selon l'OMC

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Les vendeuses de pains à Kinshasa. Ph. Droits tiers.

La guerre en Ukraine pourrait effacer la moitié de la croissance du commerce mondial attendue en 2022 et, à long terme, mener à une "désintégration de l'économie mondiale", a alerté l'Organisation mondiale du commerce lundi.

L'OMC devait annoncer mardi ses prévisions annuelles du commerce mondial de marchandises mais elle a finalement publié lundi soir une première analyse de l'incidence de la crise en Ukraine, tout en maintenant la conférence de presse mardi avec sa directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala.

Selon cette première étude, la crise devrait ramener la croissance du PIB mondial à un niveau compris entre 3,1 et 3,7% cette année, tandis que celle du commerce mondial devrait s'établir entre 2,4% et 3%. En octobre, l'OMC tablait sur une hausse de 4,7%.

La guerre en Ukraine a non seulement créé une crise humanitaire d'une immense ampleur mais a également fortement ébranlé l'économie mondiale.

Depuis l'invasion russe le 24 février, des tonnes de céréales sont restées à quai de ports ukrainiens comme Marioupol, citée bombardée et assiégée par l'armée russe pour sa position stratégique.

Selon l'analyse effectuée par le secrétariat de l'OMC, "le gros des souffrances et des destructions est ressenti par le peuple ukrainien, mais les coûts en termes de réduction des échanges et de production seront probablement ressentis par les populations du monde entier en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie et de la réduction de la disponibilité des marchandises exportées par la Russie et l'Ukraine".

- Découplage de l'économie mondiale -Si les parts de la Russie et de l'Ukraine dans l'ensemble de la production et du commerce mondial sont relativement faibles, ces deux pays sont d'importants fournisseurs de produits essentiels, notamment de produits alimentaires et d'énergie.

Selon l'OMC, les deux pays ont distribué en 2019 environ 25% du blé mondial, 15% de l'orge et 45% du tournesol. A elle seule, la Russie représente 9,4% du commerce mondial des carburants, une part qui s'élève à 20% pour le gaz naturel.

Moscou et Kiev sont également des "fournisseurs clés d'intrants dans les chaînes de valeur industrielles", indique l'OMC dans son rapport. 

La Russie est ainsi l'un des principaux fournisseurs mondiaux de palladium et de rhodium, utilisés dans l'industrie automobile, représentant 26% de la demande mondiale d'importation de palladium en 2019. La production de semi-conducteurs dépend en outre dans une large mesure du néon qui est fourni par l'Ukraine.

L'Europe, principale destination des exportations russes et ukrainiennes, devrait subir l'essentiel de l'impact économique, selon l'OMC. 

Mais la réduction des exportations de céréales et autres denrées alimentaires fera grimper les prix des produits agricoles, avec des conséquences négatives pour la sécurité alimentaire des régions les plus pauvres. L'Afrique et le Moyen-Orient sont les régions les plus vulnérables selon l'OMC, car elles importent plus de 50% de leurs besoins en céréales d'Ukraine et de Russie.

En outre, prévient l'OMC, "l'un des risques à plus long terme est que la guerre puisse déclencher une désintégration de l'économie mondiale en blocs distincts", qui seraient organisés en fonction de considérations géopolitiques. 

Un tel scénario dit de "découplage" serait "très coûteux pour l'économie mondiale, en particulier pour les régions les moins développées."

Au niveau mondial, cela pourrait réduire le PIB d'environ 5% à long terme, touchant en particulier les pays émergents, selon le rapport, qui note que la baisse pourrait même être plus importante.