De l’annonce du décès d’une journaliste victime de violences conjugales, à l’ouverture de la CAN marquée par la participation historique de 4 femmes, en passant par le forum sur le développement rural en Afrique et deux nouvelles nominations dans les rangs des femmes, Nelly Tshela Mutay décrypte les faits marquants de la semaine.
Bonjour Madame Nelly Tshela Mutay et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Nelly Tshela Mutay : Je suis congolaise, juriste, agrégée en langue française, conférencière et coach en éloquence, éducation et en leadership vertueux. J’anime plusieurs conférences tant en RDC qu'à l'international. J'ai travaillé de nombreuses années comme Préfet des Etudes et Professeure de français. Je suis habilitée correctrice et évaluatrice des examens DELF (Diplôme d'études en langue française) et DALF (Diplôme Approfondi de langue française). Initiatrice du Concours Féminin d'Eloquence adressé aux jeunes écolières pendant le mois de mars, dans l’objectif de célébrer autrement le mois de la femme. Je suis aussi auteure des ouvrages (Développement personnel, Module expression orale, Module expression écrite, Défis de l’éducation au siècle XXI) à retrouver sur Amazon, à Kinshasa et à Lubumbashi. J'ai donc plusieurs casquettes qui me permettent d'organiser différentes activités.
La semaine qui s'achève a débuté par un forum pour le développement rural en Afrique. Ce dernier s'est déroulé à Kinshasa du 10 au 12 janvier. Quels sont selon vous, les projets qui pourraient contribuer au développement des milieux ruraux en Afrique ?
Nelly Tshela Mutay : comme tout le monde, je pense que les maraîchers ont besoin d'une formation appropriée dans leurs domaines respectifs. Cette formation leur permettra d'être performants dans ce domaine et de contribuer au développement du pays en général et de l'Afrique, en particulier.
Cette rencontre coïncide avec la récente tournée du Chef de l’Etat en province, où des images du cortège coincé dans la boue ont été publiées. En RDC particulièrement, que faudrait-il faire pour développer nos provinces ?
Nelly Tshela Mutay : nous devons continuellement avoir à l'esprit que la RDC n'est pas seulement Kinshasa. Le Congo est grand, il demande de nous de la grandeur, disait Lumumba. Cette grandeur se concrétisera dans le fait de faire rayonner chacune de nos provinces pour les revêtir de leurs plus belles robes. Si elles rayonnent, c'est la RDC qui rayonnera de mille feux.
Mardi, Marie-Hélène Mathey Boo a été nommée ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la RDC auprès des États-Unis d’Amérique et Marie-Josée Kapinga Bondoa en tant que secrétaire exécutive nationale adjointe de la CENI. Deux postes décisionnels de plus dans les rangs des femmes congolaises. Quelles sont vos attentes à l'égard de chacune d'elles ?
Nelly Tshela Mutay: je saisis cette belle opportunité pour présenter mes vives félicitations à Mesdames Marie Helene Mathey Boo ainsi Marie-Josée Kapinga Bondoa. Je leur souhaite un excellent mandat. Je voudrais qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes pour accomplir leur fonction avec compétence et discipline. Ce sont des charges importantes qui doivent être réalisées avec tact et professionnalisme tant par l'homme que la femme.
En politique, trois nouveaux membres issus de l’opposition ont rejoint la nouvelle équipe dirigeante de la CENI. Désormais complète, quelles sont vos attentes au sujet des élections de 2023 ?
Nelly Tshela Mutay : je souhaite, comme tout congolais, qu'elles soient claires, transparentes, démocratiques et que le meilleur gagne! Je voudrais également rappeler qu'un bon dirigeant est celui qui place les intérêts de son peuple, de son pays, au-dessus des siens.
En société, une jeune journaliste est décédée dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu, suites aux coups que lui a asséner par son époux. Que faudrait-il pour lutter contre ce type de violences dans les foyers congolais selon vous ?
Nelly Tshela Mutay : je suis très touchée par cette nouvelle accablante et révoltante que je déplore. Je pense qu'il devrait y avoir dans les couples, un peu plus de dialogues, un peu plus de compréhensions et d'écoute. Le mariage est une institution noble dont le premier rôle est l'épanouissement des époux ensuite, la procréation. Pour des relations harmonieuses, il faut davantage de confiance entre les conjoints.
Une "intense activité" du volcan Nyiragongo a été observée au cours de ces derniers jours. Une délégation gouvernementale a été dépêchée pour s’enquérir de la situation. Quelles sont vos attentes après cette descente ?
Nelly Tshela Mutay : je remercie le gouvernement pour sa vigilance. Je voudrais que des vies soient épargnées, bien entendu. Il vaut mieux prévenir que guérir. Je voudrais que des moyens plus appropriés soient mis sur pied afin de préserver la population gomatracienne des atrocités que cause le volcan.
Le docteur Mukwege a reçu le titre de membre Honoris Causa de l'Académie de médecine de France. Il est le premier médecin africain bénéficiaire de cette distinction. Que représentent pour vous ces reconnaissances internationales et nationales en faveur du gynécologue congolais ?
Nelly Tshela Mutay : c'est une grande fierté. Le docteur Denis Mukwege réalise un travail de titan à l'Est de notre pays et je suis vraiment contente que ce travail caché et minutieux soit reconnu au grand jour. Par cette même occasion, je lui présente mes vives félicitations et mes remerciements pour tout ce travail noble qu'il fait pour "réparer" les femmes et redonner un sens à leur vie.
Au niveau continental, la 33è édition de la Coupe Africaine des Nations (CAN) des messieurs a démarré avec la participation, pour la première fois, de quatre femmes arbitres (une au centre, une à la vidéo et deux assistantes) sur un total de 63 arbitres. Que pensez-vous de cette prise en compte, quelles sont vos recommandations pour l’édition ?
Nelly Tshela Mutay : 4 sur 63! On pourrait en rire, mais je ne me le permettrais pas! Toute goutte d'eau contribue à remplir l'océan. Je salue cet effort, ce maigre début. Je salue la bravoure de ces élites qui ouvrent la voie à toutes celles qui emboiteront leurs pas. Bravo!
Propos recueillis par Prisca Lokale