RDC : ce qu’il faut retenir du pourcentage des femmes en politique 

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2022 est une année pré-électorale en République Démocratique du Congo. Les prochaines échéances devront se tenir pour la quatrième fois en 2023. Dans tous les processus électoraux, la participation des femmes est restée faible aussi bien en tant que candidates qu'élues. Décryptage.

Aucune femme n’a été élue Chef de l’Etat en RDC. Les premières élections en 2006 ont connu 33 candidats à la présidentielle. Quatre étaient des femmes, qui ont obtenu 1, 35 % des voix au total. Lors des échéances de 2011, il y a eu en tout 11 candidats, aucune femme. En 2018, parmi  les 21 candidats, il n'y a eu qu'une seule femme.

Gouvernement central

L'actuel gouvernement (Sama Lukonde) inscrit 27% de participation féminine, soit une augmentation de 10% par rapport au gouvernement Ilunkamba. Le gouvernement Tshibala avait 6 femmes (10, 1%), Badibanga 8 femmes (11, 9%), Matata 7 femmes (14, 8%), Muzito 5 femmes (10, 4%), Gizenga 5 femmes (13,5 %). 

Le parlement

De 2006 à 2018, le pourcentage des femmes élues députés au niveau de l’Assemblée Nationale est passée de 8,4 % à 9,8 % contre 9,7% en 2011 selon Onu femmes, dans le document « Etude sur la représentation et influence des femmes en politique en République Démocratique du Congo, P25 ». Au Sénat, ce pourcentage est passé de 4,6 % à 19 %. 

L’Organisation mondiale des parlements nationaux (UIP), selon des données mises en ligne jusqu’en novembre 2021, classe la RDC à la 154ième place en matière de représentativité des femmes au sein de l’Assemblée Nationale. La chambre basse du parlement compte actuellement 64 députées femmes sur 500 sièges, contre 23 sénatrices sur 109 sièges. En termes de pourcentage, cela représente 12, 8% pour l’AN et 21, 1% au Sénat. 

Des gouverneurs

A ce jour, la RDC n’a enregistré aucune femme élue gouverneure. 23 des 26 gouverneurs ont été élus en avril 2019, par les membres des Assemblées provinciales élus en décembre 2018.  Seuls deux vice-gouverneurs femmes ont été élus, au Lualaba et au Kasaï Central. Fifi Masuka, Gouverneure intérimaire du Lualaba fait office de l’unique femme à ce poste. 

En 2006, il n'y avait ni de gouverneur ni de vice-gouverneur femme dans aucune des 11 provinces, souligne Onu Femmes. En mars 2016, le passage de 11 à 26 provinces prévu par la constitution de 2005 a été mis en œuvre, et les assemblées provinciales ont dû élire de nouveaux gouverneurs dans les 15 nouvelles provinces. Deux gouverneurs et quatre vice-gouverneurs femmes ont alors été élus. 

CENI

La nouvelle équipe dirigeante de la Commission électorale nationale indépendante a procédé à la remise et reprise le 27 octobre 2021. 12 des 15 membres ont été investis après une cérémonie de prestation de serment devant les juges de la Cour Constitutionnelle. Au total 4 soit un effectif de 33 % sur les 12 membres sont des femmes.  Jusqu’en 2019, quatre des 13 sièges étaient occupés par des femmes (30 %) ainsi que 5 de ses 26 secrétaires provinciaux. 

Au niveau de l'Électorat 

Selon la CENI, en 2018, la RDC a enregistré un total  de 46 millions d'électeurs inscrits (passé de 30 millions en 2011 et de 24 millions en 2006). Le nombre total des femmes inscrites était de 21,7 millions en 2018. La proportion des femmes parmi les électeurs inscrits a varié de 52.2 % en 2006, à 49.8% en 2011 et 50.6% en 2018. Certaines provinces se démarquent, notamment le Nord-Kivu où les femmes représentent 53% de l'électorat. 

Par ailleurs, le pays a signé et ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux et régionaux, garantissant les droits des femmes dans tous les secteurs de la vie publique, la politique y compris. Sur le plan national, il y a notamment la Constitution qui aborde la question de parité dans les institutions politiques. 

L’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes souligne aussi qu’en décembre 2017, la loi électorale a été modifiée à nouveau, mais les amendements n'ont pas concerné la participation des femmes. Ainsi, il n'y a toujours pas de quotas ou autres mesures contraignantes à quelque niveau que ce soit. Par conséquent, la représentation des femmes en politique en RDC reste très faible.

Prisca Lokale