Kinshasa : des maisons des pièces de rechange des véhicules tenues par les Nigérians fermées depuis plus d’une semaine suite à un conflit de paiement avec la CNSS

Une maison de vente des pièces de rechange des véhicules au niveau de Rond-point Kimpwanza dans la commune de Kasa-Vubu
Une maison de vente des pièces de rechange des véhicules au niveau de Rond-point Kimpwanza dans la commune de Kasa-Vubu

Plusieurs maisons des pièces de rechange des véhicules appartenant aux Nigérians ne sont plus opérationnelles depuis plus d’une semaine. Les portes de ces magasins sont scellées, a-t-on constaté ce jeudi 4 novembre. D’après le président de l’association des vendeurs nigérians des pièces de rechange des véhicules, John Obi, cette situation fait suite à un conflit avec la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) à propos de la cotisation de leurs travailleurs.

Sur la majorité des portes de ces maisons, un message affiché par la CNSS fait état d’insolvabilité.  

« Nous payons la CNSS mais le problème que nous avons est celui-ci : nous avons certains employés ici avec nous qui n’ont ni cartes ni numéros et nous ne savons pas où va l’argent que nous payons. Nous avons demandé à la CNSS de commencer d’abord par nous donner des cartes et numéros pour ces employés de sorte que même s’ils quittaient une maison pour une autre, ils peuvent continuer avec le même numéro. C’est juste une continuité jusqu'à atteindre 60 ans pour aller en pension. Mais ici, il n’y a ni cartes ni numéros », a dit à ACTUALITE.CD, John Obi, président des vendeurs nigérians des pièces de rechange des véhicules.

Et d’ajouter :

« Deuxièmement,  nos employés ont proposé qu’ils soient directement payés ici en lieu et place de passer par la CNSS. Nous leur avons demandé de voir ça avec la CNSS avant de revenir nous faire rapport. Mais les négociations ont beaucoup traîné et nous avons été surpris de voir quelques agents du parquet venir sceller nos maisons (…). Pour le moment, le dossier se trouve au niveau du parquet de grande instance de la Gombe (...). Nos magasins sont fermés depuis jeudi passé (28 octobre, ndlr). Il y a entre 17 et 19 maisons fermées. Mais beaucoup d’autres maisons ont fermé par solidarité ».

Benoît est un Congolais qui fait le même commerce au niveau de Rond-point Kimpwanza dans la commune de Kasa-Vubu. Il raconte que les Nigérians n’ont pas vendu les journées du Jeudi 28, vendredi 29, samedi 30 octobre et même lundi 1er novembre. 

« Nous avons vu les agents de la CNSS qui étaient venus dans le cadre d’un recensement pour leurs employés, c’est-à-dire les Congolais qui travaillent pour eux (travailleurs des Nigérians, ndlr). Alors le problème est le suivant : il fallait que les Nigérians payent l’argent à la CNSS pour que celle-ci paye ces travailleurs (…). Or il y a des gens qui ne font que deux à trois mois avec ces Nigérians et comment la CNSS va devoir les payer ? C’est de là qu’est partie l’incompréhension. Les agents de la CNSS ont fait la descente sur le terrain pour fermer les maisons non en règle avec le paiement. En revanche, les maisons qui sont en ordre n’ont pas été scellées. Mais comme ils sont solidaires, beaucoup d’autres maisons ont aussi fermé ensuite y compris celles qui sont en ordre. C’est à peine hier mercredi (3 novembre, ndlr) que certaines maisons en ordre ont repris le service mais celles qui ne sont pas en ordre sont toujours fermées », a expliqué Benoît, vendeur des pièces de rechange des véhicules.

A

Contactée par ACTUALITE.CD, Fifi Ligbano, chargée de communication de la CNSS, fait savoir que ces maisons scellées ne sont pas en ordre avec les cotisations au niveau de la caisse. Pour elle, c’est l’unique raison à l’origine de ce scellage.

« Nous sommes en pleine campagne de recouvrement des cotisations sociales auprès des employeurs et des loyers auprès de tous les locataires. Les Nigérians sont parmi les personnes qui ne versent pas la cotisation sociale à la caisse. Ce n'est pas la CNSS qui a scellé les maisons des Nigérians pour des pièces de rechange. C'est le parquet de Kalamu. Mais il y a une procédure avant cela : lorsque la CNSS constate que vous avez des litiges ou arriérés, elle donne un temps pour permettre à l'établissement de se mettre en ordre. Et lorsque l'établissement ne verse toujours pas les cotisations de ses travailleurs à la CNSS, ce n'est qu'en ce moment-là que la Caisse peut faire rapport au parquet (...) parce que vous n’êtes pas sans ignorer qu'avant qu'un employeur ne vienne ouvrir une activité en RDC, il doit avoir d'abord un numéro impôt, il doit avoir un numéro de cotisation sociale, etc.  Alors les Nigérians qui sont  pour la plupart dans le secteur informel ne s’acquittent pas de leurs obligations vis-à-vis de la caisse. Voilà pourquoi aujourd'hui la caisse a fait rapport au parquet et c’est ce dernier qui a scellé leurs bureaux. Parfois, on arrive même à sceller les avoirs des employeurs qui ne versent pas les cotisations », a dit à ACTUALITE.CD, Fifi Ligbano.

Pour la suite de la procédure, elle explique : « pour que le parquet vienne ouvrir puisque ce n'est pas la caisse qui scelle les bureaux, il faut que l'établissement vienne s'acquitter de ses obligations c'est-à-dire payé ses cotisations et la caisse, à son tour, fera rapport au parquet et ce dernier viendra rétablir l'établissement dans ses droits ».

Entre-temps, sur le terrain, l’acquisition des pièces de rechange des véhicules devient difficile au regard de la situation.

Dieumerci Soba, stagiaire UPN