RDC : l’Etat veut relancer l'opération d’achat d’Or produit dans le secteur artisanal afin de limiter les fraudes

Photo ACTUALITE.CD.

Le ministère des mines de République démocratique du Congo a organisé du 8 au 10 juillet derniers à Kinshasa, les états généraux de son secteur. L’économie congolaise repose essentiellement sur les mines. Mais ce secteur est miné par plusieurs maux notamment les fraudes qui ne permettent pas au Trésor public de bénéficier des finances générées par l’exploitation des ressources minières.

Les états généraux auxquels ont pris part entre autres, les industriels miniers du secteur privé et public, les experts du gouvernement, ont formulé une centaine de recommandations pour rebooster ce secteur. Parmi ces recommandations, il a été « demandé à la banque centrale du Congo de présenter un plan de reprise des opérations d'achat d'or d'origine artisanale, dans le cadre de la lutte contre la fraude, et ce, avec le ministère des mines ».

Bien que régi par la loi, l’exploitation artisanale de l’Or échappe au contrôle de l’Etat congolais, avec comme conséquence des sorties illégales des colis de cette matière première de plusieurs sites miniers.  

« L'artisanat a plus de production que l'industriel. Maîtriser l'exploitation artisanale est quelque chose d'important. Il n'y a pas d'exploitation minière artisanale, il y a des petites, moyennes et grandes mines. Et il est important qu'on puisse moderniser la manière de travailler dans le secteur qu'on appelle artisanal », a indiqué à ACTUALITE.CD Al Kitenge.

Et d’ajouter, « nous avons finalement une ministre qui se rend compte de l'importance de ce que nous perdons et elle se décide de structurer avec la banque centrale une solution afin de donner au pays les véritables réserves ».

Mais le secteur artisanal est confronté à plusieurs défis dont le principal est sécuritaire. Plusieurs sites miniers d’exploitation d’Or sont envahis par les groupes armés. C’est le cas notamment dans les provinces de l’Ituri, du Sud-Kivu ou encore du Maniema, dans l’est du pays.

« Tous les groupes armés ne vivent de l'Or et des autres minerais que parce qu'ils ont acté à un marché. A partir du moment où vous les coupez du marché, ils ne pourront plus continuer. La première des choses avec tout ce que nous avons comme offensive militaire, les couper de marché, les déloger et restituer cette activité entre les mains des gens qui peuvent le faire de manière professionnelle », a expliqué M. Kitenge, en instant sur la nécessité de « reconvertir les artisanaux dans le secteur minier artisanal dans le secteur agro industriel moderne ».

La ministre des mines Antoinette N'samba Kalambayi, a pris l’engagement d’apporter au gouvernement les résolutions formulées par les états généraux des mines « pour leur application dans le strict respect du code minier».

En 2019, un rapport de la commission ressources naturelles de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) avait indiqué par exemple, que depuis 2015, 84,6 % des minerais exploités par les artisanaux au Nord-Kivu, dans les territoires de Beni et Lubero, principalement l’Or, sont voués à la clandestinité et échappent en même temps à l’Etat congolais. Et pour illustrer la fraude dans ce secteur, au premier semestre de l’année 2020, le gouvernement n’avait réussi qu’à retracer 3 Kg d’Or seulement.

Jessica Agasaro