RDC : échange à Kinshasa entre les députés du Nord-Kivu et Bintou Keita sur la situation sécuritaire qui a provoqué la grogne contre la Monusco

Bintou Keita, Cheffe de la Monusco/Ph ACTUALITE.CD

Les députés du Nord-Kivu ont échangé ce jeudi 8 avril à Kinshasa, avec la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies en RDC, Bintou Keita. Ces élus ont présenté à Bintou Keita la situation sécuritaire dans leur province émaillée des manifestations à Butembo, Beni et Goma pour réclamer le départ de la Monusco.

« Vous avez suivi la situation actuelle qui prévaut dans les villes de Butembo, Beni et même dans celle de Goma. Il y a bien sûr des incidents parce que nos populations qui vivent dans ces villes et leurs périphéries, sont dans un état de désespoir à la suite des meurtres et des massacres. Certains ont décidé d'aller dans la rue et demandent notamment le départ de la Monusco. Nous en tant qu'élus, on a souhaité quand même avoir des échanges avec la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies ici et lui présenter la situation telle que nous la comprenons et qu'elle puisse aussi nous donner des éclaircissements.  Les échanges ont été francs. Nous avons dit ce nous pensions concernant ce qui est critiqué de la Monusco », a dit le député Singoma Mwanza.

Ces députés ont obtenu des assurances de la part de Mme Keita notamment en ce qui concerne le renforcement des troupes de la brigade d’intervention à Beni.

« Dans le cadre du dialogue, la Monusco est en train de faire le renforcement notamment de sa brigade par l'arrivée des troupes kenyanes et népalaises qui permettront notamment de renforcer cette lutte contre les ADF qui sévissent du côté de Beni », a ajouté le président du caucus des députés du Nord-Kivu.

A leur tour, ces élus promettent de s’impliquer pour que les FARDC soient dotées des moyens nécessaires en vue de mener la lutte contre les forces négatives.

« La responsabilité de la sécurité, du combat contre les forces négatives ne reste pas seulement sur le dos ou les épaules de la Monusco. Ça reste de la responsabilité de l'État congolais. Nous en tant qu'élus, nous continuons le plaidoyer pour que nos forces armées puissent aussi avoir les moyens, l'encadrement pour pouvoir neutraliser ces ADF et les autres groupes armés qui sévissent dans le Nord-Kivu. Donc, c'est dans le cadre de ce plaidoyer pour le retour de la sécurité et de la paix au Nord-Kivu qu'on a échangé avec la Représentante spéciale du Secrétaire général », a conclu M. Mwanza.

Depuis le début de la semaine, les activités sont paralysées notamment à Beni et Butembo. A l’appel des mouvements citoyens et des différentes associations, des manifestations sont organisées pour exiger le départ de la Monusco accusée de passivité face aux massacres à grande échelle depuis plus de six ans à Beni et actuellement dans le territoire d’Irumu (Ituri).

L’Assemblée nationale a adopté mercredi dernier une résolution portant création d’une commission sur la situation sécuritaire dans 8 provinces (l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema, du Haut-Uele, du Bas-Uele, du Haut-Katanga et du Haut-Lomami). Quinze (15) députés non originaires desdites provinces seront désignés pour effectuer la mission pendant un mois. Certains députés proposent que la commission puisse s’intéresser aussi au travail de la Monusco présente au Congo depuis plus de 20 ans sans parvenir à restaurer la paix dans les zones troubles.

Ainsi, la commission parlementaire aura comme tâches, d’identifier les groupes armés terroristes étrangers et locaux et leurs commanditaires ; d’inventorier tous les moyens mis à la disposition des services de sécurité et de défense pour mener la lutte contre ses groupes armés étrangers et locaux qui commettent les atrocités et exactions à l'est de la RDC ; et de dégager les responsabilités de tous les acteurs impliqués.

Berith Yakitenge