Résurgence d'Ebola en RDC :  pour Alphonsine Lusenge, "il ne faudrait pas négliger les canaux de transmission"

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Membre de la société civile et ancienne maire de la ville de Butembo, Alphonsine Lusenge a réagit ce 09 février, au sujet d'un nouveau cas de la maladie à virus Ebola détecté dans son territoire. Pour elle, les survivants de cette épidémie devraient être sensibilisés sur la présence du virus notamment dans le sperme.

En effet, la maladie à virus Ebola se transmet par contact direct avec des fluides corporels  - tels que le sang, la salive, l'urine, le lait maternel, le sperme, la sueur, les selles et les vomissements  -  des personnes infectées, vivantes ou déjà mortes. Et selon le ministre de la Santé, Eteni Longondo, le nouveau cas est une femme, épouse d'un survivant d'Ebola. 

"Nous pensons que l'epoux aurait conservé en lui le virus et l'a par la suite transmis à sa femme, à travers son sperme, sans s'en rendre compte", explique Alphonsine Lusenge.

Néanmoins, elle propose deux pistes de solutions. "Il se pourrait que tous les survivants d'Ebola (hommes) aient encore le virus dans le sperme. Tous les guéris d'Ebola devraient être recensés et sensibilisés sur le danger que présente cette maladie. Il y a deux méthodes à prendre en compte, soit, ils s'abstiennent des relations sexuelles avec les personnes non atteintes d'Ebola, soit ils font recours aux préservatifs." 

En outre, Alphonsine Lusenge appelle la population à respecter toutes les mesures barrières recommandées par l'équipe de la riposte et même les autorités sanitaires. Il s'agit notamment d'éviter le contact avec le corps d'une personne décédée d'Ebola et de se laver régulièrement les mains. "Nous avons connu beaucoup de dégâts, nous avons enregistré des morts dans nos familles, il ne serait pas bon de se retrouver dans la même situation", a-t-elle insisté.

Aux autorités, elle dresse une recommandation principale. "Il faudrait aussi que des moyens soient mis en oeuvre dans la riposte contre cette épidémie. La prise en charge doit être optimale, les matériels de santé ne doivent pas manquer. Les autorités doivent s'investir, se mobiliser alors même que l'on parle de ce premier cas." 

Par ailleurs, l'ancienne maire de la ville de Butembo appelle les organisations de la société civile à se mobiliser et sensibiliser la population dans son ensemble. 

" Il faut également sensibiliser toute la population, les groupes socio-professionnels, pour que tout le monde soit alerté à ce sujet. Les organisations de la société civile doivent se mobiliser."

Pour rappel, les échantillons prélevés sur le patient porteur du virus Ebola ont été envoyés au laboratoire principal de l'Institut National de Recherche Biomédicale à Kinshasa pour un séquençage du génome afin d'identifier la souche du virus Ebola et déterminer son lien avec l'épidémie précédente. La dixième épidémie d'Ebola en RDC, qui a duré près de deux ans, était la deuxième plus importante au monde. Lorsqu'elle s'est terminée, on comptait 3481 cas, 2299 décès et 1162 survivants.

La réponse à l'épidémie avait été particulièrement difficile, en raison de l'insécurité qui a perturbé les efforts d'urgence.

Prisca Lokale