En cinq années de dur labeur, Ruth Makambo s’est bâti un empire commercial sur les réseaux sociaux. Vente, pose des perruques et make-up professionnel, son visage qui apparait sur les affiches ou autres publications de sa marque « La Parisienne Hair » est désormais connu du grand public. Dans un entretien avec le Desk Femme de ACTUALITE.CD, elle livre les secrets de sa réussite.
Bonjour Madame Ruth Makambo et merci de répondre aux questions du Desk Femme de ACTUALITE.CD. Pouvez-vous nous faire un résumé de votre parcours ?
Ruth Makambo : Cela va faire 5 ans depuis que j’ai lancé cette entreprise. Je faisais des ventes en ligne à travers mes pages (Facebook et Instagram). Je vendais des mèches et des perruques que j'avais confectionnées , je faisais aussi les livraisons toute seule. Au fur et à mesure le nombre de client s'est mis à augmenter et je n'étais plus en mesure de livrer ou de confectionner seule. J'ai donc engagé un livreur. J’ai suivi un cursus en humanités littéraires entre l’école Masamba et l’Ecole Eureka. Ensuite, je suis allée poursuivre mes études à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC).
Qu'est-ce qui vous a motivé à investir dans ce secteur ?
Ruth Makambo : Je suis née dans une famille des commerçants et j’ai toujours voulu faire du commerce. Pendant les vacances, ma mère me prenait avec elle quand elle se rendait en Angola. J’avais chaque fois des petites choses à vendre (chaussures, sacs à mains, ballerines, sandales et autres) et le bénéfice m’appartenait. C’est là que j’ai acquis le plaisir de travailler et gagner de l’argent. Au fil du temps, j’ai remarqué que beaucoup de personnes avaient intégré ce secteur et je perdais ma clientèle. A cette époque, les mèches brésiliennes venaient de Luanda (Angola). J’ai fait une première commande à 1400 $ (je me souviens encore de cette somme), pour revendre à Kinshasa. J’avais toute de suite épuisé mes stocks. A l'époque, il n’y avait pas encore de lace frontal, des perruques, seulement des mèches. Puisque je suis connectée à la mode, j’ai constaté qu’en Europe, les filles portaient plus des perruques que des tissages. J’ai appris à travers des vidéos YouTube à confectionner des perruques. J’en ai fait une première pour moi-même, c’était assez difficile mais une réussite. Et ma troisième perruque confectionnée a été vendue à 200$. Tout est parti de là. Je confectionnais parfois des perruques sur commande. Je pense avoir été parmi les premières personnes à proposer des perruques à cette époque-là.
Vous proposez également des services de make-up professionnel. Comment votre équipe est-elle organisée ?
Ruth Makambo : Quand j’ai eu un local, l’objectif de départ, c’était de vendre uniquement des perruques. Mais les clientes ne voulaient pas qu’acheter, elles voulaient aussi que la pose soit faite au même endroit. C’est là que j’ai ouvert un salon de coiffure, avec le temps, de nombreuses personnes m’ont contacté pour proposer leurs services et j’ai également reçu une maquilleuse (Sandrine Kabengele). Elle avait 19 ans à cette époque. Avec le temps, elle s’est perfectionnée. D’autres personnes se sont jointes à elle. Je travaille donc avec elle principalement comme maquilleuse.
Avez-vous une adresse physique à Kinshasa ? Quel est votre horaire de travail ?
Ruth Makambo : Nous sommes sur l’avenue Nyangwe à Lingwala, local 17 au sein du bâtiment Kin Marché. Référence, Assanef. Nous travaillons entre Lundi et Samedi de 09 h à 17h.
La plupart de fois, vous servez vous-même de mannequin pour vos perruques. D’où vous est venue cette idée ?
Ruth Makambo : Mon plus grand travail actuellement, c’est faire de la promotion pour ma marque. Je suis l’image de la marque, je porte les perruques pour proposer des modèles à mes clientes. Je trouve personnellement que je mets bien mes perruques en valeur. La perruque peut-être la plus belle de toutes, si elle est mal portée ou posée, c’est la catastrophe. Et donc, je préfère moi-même porter la perruque, la rendre jolie et ensuite la proposer aux gens. De cette façon, même les personnes qui n’achètent pas chez moi ont mes photos dans leurs téléphones. Elles peuvent proposer à leurs coiffeurs.
Avec plus de 47.000 abonnés sur votre compte Instagram personnel et plus de 50.000 sur le compte de la marque, comment avez-vous réussi à imposer votre image sur les réseaux sociaux ?
Ruth Makambo : Je pense que ce qui attire les followers, c’est peut-être le fait qu’une jeune femme congolaise ait su imposer sa marque. Une marque qui résiste au temps et qui se perfectionne tous les jours.
Comment faites-vous la différence entre votre vie privée et votre vie publique ?
Ruth Makambo : Ah ! C’est une bonne question. Je dis toujours, sur les réseaux sociaux, on ne montre pas tout. On ne montre que ce que l’on a envie de montrer. C’est-à-dire, si j’ai un problème, je ne vais pas forcément me filmer entrain de pleurer et publier cela sur les réseaux sociaux. Sur les réseaux, tout le monde est heureux. Et pourtant, ce n’est pas ça la réalité. J’y mets ce que j’ai le plus envie de partager mes abonnés.
Que pensez-vous de l'usage des réseaux sociaux par les jeunes ?
Ruth Makambo : Personnellement, je ne suis pas contre les réseaux sociaux. D’ailleurs, je me surnomme « La cendrillon de la technologie », c’est parce que je me dis, s’il n’y avait pas Facebook, Instagram et tous les autres réseaux, mon business n’allait pas connaitre autant de succès. Les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux, devraient le faire intelligemment. Il faut avoir un but, soit pour s’amuser ou en tirer un bénéfice. Les réseaux sociaux peuvent rapporter énormément de choses aux jeunes, il faut juste les utiliser à bon escient.
La tendance "demande en mariage sur des lieux publics " qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Que pensez-vous de cela ?
Ruth Makambo : Je trouve cela très mignon. Ce sont de très beaux souvenirs. J’aime cela, et j’aimerai bien (…)
Bien que des cérémonies sophistiquées soient organisées autour du mariage, certains n'hésitent pas à annoncer leur rupture les réseaux sociaux. Pensez-vous que ces derniers ont bouleversé l'équilibre des couples ?
Ruth Makambo : Si vous avez accepté de créer des réseaux, parler de votre vie, c’est normal que les internautes s’y intéressent aussi et donnent leurs points de vue. Si vous avez publié la photo de votre partenaire en amour, attendez-vous aux questions du genre, « comment il(elle) va ? Pourquoi on ne la voit plus ? Ton mariage c'est pour quand ? » les internautes sont très curieux et c’est comme une pression sur ceux qui publient. Je ne pense vraiment pas qu’ils bouleversent l’équilibre des couples. Mais quand on se décide d’aller sur les réseaux sociaux, on doit avoir des nerfs solides. Tout peut arriver et il faut savoir gérer.
Comment bien vivre sa vie sur les réseaux sociaux et en dehors de ceux-ci ?
Ruth Makambo : Pour que ça marche, il faut que tout soit naturel. Il ne faut pas s’inventer une vie. Les gens savent facilement reconnaitre ce qui n’est pas réel. Et je pense que c’est ce que les Followers aiment. Il y a des jours où je ne poste rien. Quand ils sentent que rien n’est forcé, ils s’accrochent. Tout doit dépendre de vous. Quand vous vous réveillez avec des idées pleins la tête, vous pouvez faire des stories, racontez votre vie. En sommes, vivez pour vous.
Comment faites-vous pour rester originale ?
Ruth Makambo : Je vis pour moi.
Aux jeunes qui vous liront et qui nourrissent les mêmes ambitions que vous, quels conseils leur donneriez-vous ?
Ruth Makambo : Je vais leur dire une phrase que j’ai lue récemment sur la page d’une influenceuse. « Il y a une mode actuellement. Toutes les jeunes filles entre 17 et 19 ans veulent entreprendre, alors que l’entreprenariat n’est pas destiné à tout le monde. C’est une bonne chose. Mais, si elles avaient l’opportunité d’étudier, elles doivent vraiment le faire. » Aux jeunes, faites ce que vous voulez mais ne vous fiez pas aux influenceurs sur les réseaux sociaux. N’imitez pas tout parce que vous ne connaissez pas les motivations, ni les galères des gens.
En quelques mots, comment résumeriez-vous les principes qu'impose l'investissement ou la création d'une entreprise sur les réseaux sociaux ?
Ruth Makambo : Je dirais le savoir-faire et le savoir communiquer. Il ne suffit pas d’avoir un bon produit, il faut également bien communiquer, établir un contact avec son public, interagir parfois avec ceux qui vous suivent.
Un dernier mot ?
Ruth Makambo : Merci à toute l’équipe du Desk Femme de ACTUALITE.CD
Pour livrer ses produits à l’étranger, Ruth Makambo passe notamment par DHL. Elle a investi dans plusieurs autres projets qui n’ont pas réussi mais continue de se battre pour ceux qui réussissent. Mère d’un garçon depuis près d’un an, elle n’hésite pas à partager des posts ou des stories avec son fils.
Propos recueillis par Prisca Lokale