RDC : faut-il tout publier sur les réseaux sociaux ?

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Les relations humaines sont de plus en plus impactées par les réseaux sociaux. WhatsApp, Facebook, Instagram, Tik-Tok...Demandes de mariage, sextapes, ruptures, tout y est posté parfois sans filtre! Ce 18 janvier, le Desk Femme est allé à la rencontre des kinoises pour recueillir leur perception de ce phénomène. 

Schiphra Kayi, étudiante à l'Institut Supérieur des Techniques Médicales (ISTM/Kinshasa), pense que tout commence par l’envie d’imiter la vie des influenceurs. " La faute n'incombe pas aux influenceurs. Les réseaux sociaux sont pour eux, un gagne-pain, ils ont choisi d'y poster plusieurs détails de leur vie parce qu'ils en vivent. Mais, les jeunes choisissent de tout copier. Ils s'imaginent qu'à force de publier, ils vont également multiplier le nombre des followers. Parfois, ils ne se rendent  même pas compte que tout ce qui est posté n’est pas réel ", s'offusque l'étudiante.


Eléonore Kingonzi ne trouve pas d’inconvénients à publier des photos ou autres informations personnelles sur les réseaux sociaux. 

« Quand on crée un compte personnel sur les réseaux sociaux, c’est pour y partager ce qui nous plait. Il serait préférable que nul ne porte un jugement sur la manière dont une personne gère ses comptes», a affirmé Eléonore, qui vend des pommes vertes avec sa mère à Bon Maché (Barumbu), s’appuyant sur le proverbe « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». 

Quel impact sur la vie de couple ?

La semaine dernière, la danseuse afro-belge Jeny Bosenge (Bsg)a annoncé publiquement sa rupture avec son fiancé Bryan. Une annonce qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Génie Sulambi est parmi les jeunes femmes qui ont suivi cette affaire de près. Elle insiste sur le rôle des influenceurs.

"Parfois, les influenceurs oublient que certains jeunes et même la société les prennent pour modèles. Jeny Bosenge est une jeune femme qui se révèle être ambitieuse et motivée. Par la danse, elle a su capter l'attention des jeunes. La voir en couple avec un autre jeune qui fait principalement des activités sur les réseaux sociaux comme elle, était un bel exemple. Ils avaient l'air plutôt heureux sur chaque photo ou vidéo postées sur les réseaux sociaux", explique Genie Sulambi, étudiante en troisième graduat de l'université chrétienne cardinal Malula (UCCM).

Et de poursuivre:

" on ignorait que le fait qu'ils soient tous présents sur les réseaux sociaux pouvait aussi constituer un risque pour leur relation. Je pense que quand un influenceur connait exactement la valeur qu'il représente pour ses followers, il ne s'aventure pas à publier ses décisions à tout-va". 

Epiphanie Mbayi revient sur l’affaire Penielle et Mike Kalambayi.

"On ne peut pas prétendre à la vie de couple ou à un statut public élevé quand on ne sait pas faire l'équilibre entre la vie publique et le domaine du privé. Personne ne savait que Penielle avait divorcé de son époux (Mike Kalambayi) avant toutes ses publications sur les réseaux sociaux. En tant que jeunes, je pense que les enseignements au cours de la période des fréquentations ou des fiançailles devraient également inclure la gestion des réseaux sociaux. Mal gérés, ils ont un impact négatif sur la vie du couple," estime-t-elle. 

Et à Eléonore Kingonzi d'ajouter:

"La meilleure façon de résoudre les conflits, que ce soit dans une relation de couple ou dans toutes relations humaines, c'est un tête-à-tête entre les protagonistes. Les réseaux sociaux sont loin d'être l'endroit approprié. Si la rencontre physique s'avère vraiment impossible, alors prenez rendez-vous en privé, écrivez ou parlez à cette personne inbox, c'est plus mature comme attitude".

Que faire pour éviter les dérives dans les générations futures ?

Pour Schiphra Kayi, la meilleure solution contre les dérives futures est d'inculquer une bonne éducation aux jeunes gens.

"Aucun jeune ne pourra exposer sa vie sur les réseaux sociaux si ses tuteurs lui apprennent à faire la différence entre ce qui relève du privé et du public et à gérer ses émotions.", soutient-elle.

Hélène Tamba pense plutôt que les influenceurs devraient se constituer en véritables modèles.

"Il ne faudrait pas les jeunes se trompent en les prenant pour modèles. Autant ils inspirent les jeunes par leurs actions, autant leurs vies doivent être bien réglées", dit Hélène.

A son tour, Eléonore estime que les dérives, il n’en manquera jamais.

« La vie est faite d’un tas d’erreurs. On ne planifie pas de commettre les erreurs mais, cela nous arrive. Aux générations futures, il faudra leur apprendre à ne pas s’y attarder. S’il leur arrive de publier quelque chose qui crée un scandale, ils devront se relever, s’excuser si c’est possible, mais surtout vivre leur vie », a-t-elle précisé.

Prisca Lokale