Le gouvernement pourrait enfin porter devant la justice les actes de « crimes » commis dans la province de l’Ituri suite aux violences qui déchirent entre autres, les territoires de Djugu et Irumu. Le Premier ministre Sylvestre Ilunga a, dans une correspondance du 12 octobre dernier, demandé au ministre de la défense, Aimé Ngoy Mukena, de saisir l’auditeur général de l’armée au sujet des plusieurs allégations de « crimes » commis dans cette partie du pays.
« Je vous instruis de donner injonction à l'Auditeur général des forces armées d'initier immédiatement des investigations criminelles sur les allégations des meurtres, des enlèvements, des vols et des incendies volontaires perpétrés contre les populations civiles dans les territoires de Djugu et Irumu et d'engager, sans désemparer, des poursuites à l'encontre des auteurs présumés de crimes abominables qui compromettent gravement la paix et la cohésion nationale, tout comme ils menacent d'effondrement le tissu économique et social de notre pays. », écrit-il.
Dans la même correspondance, le Premier ministre dit constater que la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée particulièrement dans les territoires de Djugu et Irumu. Il demande même au ministre de la défense de lui fournir un “rapport circonstancié” des activités militaires dans cette région.
La correspondance du chef du gouvernement est aussi un réponse à celle du député Gratien Iracan, élu de Bunia lui adressée le 11 juillet dernier pour demander de prendre au sérieux la situation en Ituri. Le député dénonçait notamment les tueries, les pillages, les déplacements massif des populations.
Des graves actes de violations des droits de l’homme ont été commis en Ituri depuis le début des violences fin décembre 2017 en Ituri. Quelques miliciens ont été jugés et condamnés localement à Bunia, où actuellement plus de 300 combattants de la miliciens CODECO sont détenus à la prison centrale.
En juin dernier, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda s’était montrée « préoccupée » face à ces violations qui d’après elle, « pourraient constituer des crimes relevant de sa compétence ». Elle parlait notamment des « actes de meurtre, de mutilation, des pillages systématiques. »
D’après un rapport, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme aussi disait que les tueries dans le territoire de Djugu « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ».
Patrick Maki