Nord-Kivu : des arrestations, tortures et pillages lors d’une perquisition des militaires dans un village de Lubero

ACTUALITE.CD

Quatre personnes arrêtées, plus d’une dizaine d’autres torturées et des biens, notamment des volailles pillés lors d’une perquisition nocturne menée par un groupe de militaires congolais au village de Kisembwe, situé à environ 15 Km à l’ouest d’Alimbongo, dans le groupement Musindi, en chefferie de Batangi, en territoire de Lubero (Nord-Kivu). 

Le Cercle international pour la défense des droits de l’homme, la paix et l’environnement (CIDHOPE), qui livre la nouvelle à ACTUALITE.CD, rapporte que le fait s’est déroulé la nuit de samedi à dimanche dernier. D’après notre source, l’armée a organisé cette perquisition, accusant les habitants du village de complicité avec des miliciens Mai-Mai.

« Dans la nuit  du 8 au 9 août, environ 80 militaires sous l’ordre d’un lieutenant-colonel basé à Kitsombiro (axe Butembo-Goma), sont arrivés dans le village de Kisembwe. Ils auraient reçu l’ordre de mener une perquisition nocturne de tous les domiciles du village, et de ligoter tous les hommes, femmes et filles. Ils ont exécuté l’ordre : au moins 43 femmes et filles, et 57 hommes ont été ligotées et torturées, avant d’être enfermées dans leurs domiciles de 0h à 5h du matin. Ces militaires ont aussi emporté 163 dollars américains, 11 chèvres, 55 poules, et 5 lapins. Ils ont aussi arrêté quatre paysans, notamment le Kapita du village. Ils les ont conduits à pieds à Kitsombiro, à près de 50 Km de Kisembwe, pour détention. Nous nous sommes entretenus au téléphone avec l’officier Omar basé à Kitsombiro. Il a reconnu avoir envoyé ses militaires à Kisembwe pour des opérations militaires, parce que c’est dans ce village qu’il a perdu huit de ses éléments lors d’une attaque des miliciens Mai-Mai. Il soupçonne les quatre habitants arrêtés d’avoir guidé les miliciens vers la position des militaires», rapporte à ACTUALITE.CD Me Dellyco Mbambu, responsable du CIDHOPE.

Il signale que deux des personnes arrêtées ont été relâchées après s’être engagées à payer chacune une somme d’environ 300 dollars américains à titre d’amende transactionnelle. Me Dellyco Mbambu dénonce ces violations des droits humains et appelle le parquet près la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu à se saisir du dossier, pour sanctionner les auteurs.

« Ce sont des violations graves de droits de l’homme, puisque la loi congolaise interdit la perquisition nocturne après 21 heures et avant 7 heures. Même si l’on peut se munir d’un mandat régulier, la loi interdit la perquisition nocturne.  Nous demandons à l’avocat général près la Cour militaire opérationnelle de Beni d’ouvrir une action judiciaire contre les auteurs de ces actes, pour éviter que ces genres de cas ne se répètent plus », exige Me Dellyco Mbambu.  

Tous nos efforts pour entrer en contact avec le commandant de l’unité incriminée sont restés vains. Mais le commandement des opérations Sokola 1 Grand-Nord indique que l’armée n’est jusque-là pas informée de ces incidents. Son porte-parole, le lieutenant Anthony Mualutchayi a promis de se prononcer après vérification. 

Claude Sengenya, à Butembo