Un atelier de sensibilisation sur la prévention et la lutte contre les violences domestiques a eu lieu le 02 juillet, à Kinshasa. Au cours de cette activité, des participants ont réfléchi sur le rôle qu’ils doivent jouer au sein de la communauté.
“J'avais 25 ans d'âge quand nous nous sommes mariés. Juste après 2 semaines, mon époux a commencé à me battre sérieusement. Mon premier fils est né dans cette situation. Quand je relatais ces faits auprès des responsables de notre Eglise, ils me demandaient d’avoir juste un peu de patience, de continuer à prier” raconte Nadine aux participants venus nombreux à l’atelier. Et de poursuivre, “ Un jour, au cours de notre cinquième année de mariage, il s’est mis en colère et a commencé à me donner des coups. J’étais enceinte de mon troisième enfant. Mon fils ainé est sorti de sa chambre en pleurant. Il a attrapé son père à la cuisse, il a même utilisé ses dents pour le mordre jusqu'à ce qu'il arrête de me frapper” dit-elle, toute tremblante. (C'était la première fois pour cette femme de raconter son histoire en public Ndlr). Le comble, dit-elle, “c'est que j'ai maintenant un fils qui devient très violent. Il a actuellement 12 ans. Il reproduit le comportement violent de son père. Quand il se met en colère, il n'écoute personne, il frappe tout. Et quand je ne suis pas là, personne d’autre ne sait le maîtriser” confie-t-elle. Cela va faire 7 ans qu’elle a divorcé de son époux.
Après un débat houleux sur la confrontation des textes bibliques aux textes de lois, les participants ont soulevé quelques causes des violences domestiques. Notamment, les mariages précoces, le mariage sans consentement ou par convenance familiales. Pour y remédier, avec le concours des facilitateurs, les représentants des confessions religieuses et de la société civile ont fait des exercices de groupe, où ils ont élaboré des messages et moyens à utiliser. Plus tôt dans la matinée, un expert du bureau conjoint des nations unies pour les droits de l'homme (BCNUDH) Martina Ndi, a exposé des textes des lois en RDC et dans le monde, qui régissent les droits humains, des femmes, des enfants et des sanctions concernant les violences domestiques.
"J'ai été très impressionnée par les modules de cet atelier. Je souhaite que de plus en plus de formations soient organisées afin d'équiper les leaders religieux qui parfois ne tiennent pas compte de ces violences dans leurs communautés et n’en parlent pas dans leurs prédications" a affirmé Pauline Masamba , membre de l’Armée du Salut.
Mwimba Texas, représentant la communauté albiniste congolaise s'est réjoui de savoir que "cet atelier ait abordé un sujet dont même les personnes atteintes d'albinisme sont victimes. Et qu’à son issue, chaque personne pourra être prise en charge sans discrimination.”
De son côté, Marie Lukusa, coordonnatrice du Fofecegdd, organisateur de cet atelier a également exprimé sa satisfaction. “Nous sommes heureux de l’engagement des tous les participants à nous accompagner dans cette lutte. Ce sont eux qui entrent en contact permanent avec la population. Et c’est bien cette dernière qui est notre cible principale. A travers les leaders de la société, nos messages passeront facilement et pour des résultats escomptés.”
A la fin de cet atelier, des pasteurs, des imams, des prêtres et des membres de la société civile ont travaillé sur la mise en place d'un cadre de concertation pour lutter ensemble contre cette forme de violences Ils ont également signé un pacte d'engagement avec le FOFECEGDD.
Prisca Lokale