Sud-Kivu/COVID-19 : le système mis en place pour la riposte facilite plutôt la propagation et non la prévention, selon le Dr Joseph Kakisingi

Covid-19

Médecin directeur et responsable du centre hospitalier Saint Vincent dans la ville de Bukavu, le docteur Joseph Kakisingi  alerte sur le danger que courent les personnels soignants engagés dans la riposte contre la pandémie de la Covid-19 au Sud-Kivu.

Au cours d'une adresse à la presse, le docteur du centre hospitalier Saint Vincent estime que le médecin devrait être placé au centre de tout.

« La riposte devrait être centrée sur les médecins parce que ce sont eux qui sont au front contre la pandémie de Coronavirus, mais la riposte semble mettre le médecin au dernier point », a dit le docteur Joseph Kakisingi.

Pour ce propriétaire et médecin directeur de l'hôpital Saint Vincent, situé dans la commune de Kadutu, le circuit pour la prise en charge des malades a été conçu avec risque de contamination locale.

« La cause, c'est la manière dont la stratégie a été pensée, la stratégie n'a pensé par où commencer le circuit du malade pour aller finir dans le centre du traitement. Ce qui fait que le système, au lieu de prévenir la propagation est en train de faciliter la propagation de la maladie », ajoute-t-il.

Et d'expliquer : « Le malade ne peut pas s'exprimer comme atteint de la Covid-19, il vient consulter un médecin et c'est celui-ci qui lui dit s''il pourrait normalement s'agir de Coronavirus, il l'oriente dans le centre de traitement mais le plan de la riposte s'est focalisé sur le centre de traitement mais n'a pas pensé sur ce que le malade doit faire pour atteindre ce centre. Ce qui constitue un sérieux problème et ça commence même à être la base de la dissémination de la maladie », explique ce médecin .

Il ajoute que les hôpitaux périphériques censés recevoir les premiers cas n'ont pas été préparés.

« Le malade arrive, il consulte d'abord les hôpitaux périphériques et c'est dans ces hôpitaux là qu'on suspecte la Covid-19, on fait appel aux équipes de la riposte, ou aux équipes d'intervention rapide pour prélever, envoyer les tests et ramener les résultats et orienter les malades. Mais on n'a pas pensé à préparer ces hôpitaux périphériques qui reçoivent les premiers cas. Ces hôpitaux ne sont pas équipés, pour pouvoir protéger les malades, et protéger le corps soignant, beaucoup de ces hôpitaux n'ont pas un système de triage qui permet d'isoler les cas potentiellement Covid-19 des autres malades. Ça fait que tout le monde arrive, il est reçu dans la même salle d'attente, ils suivent les mêmes circuits et donc c'est possible qu'il se passe des maladies dans ce circuit là. Donc la riposte aurait dit commencer par réfléchir sur ce point là », dit-il.

Déjà 5 zones de santé de la province du Sud-Kivu à savoir : Kadutu, Ibanda, Bagira, Nyantende et Kabare sont affectées par la Covid-19. 84 cas confirmés, 14 décès dans différentes structures médicales, la riposte n'a pas prévu les mécanismes de leur évacuation.

« Beaucoup d'hôpitaux appellent pour des cas suspects de la Covid-19, les équipes de riposte ne viennent plus, ils répondent toujours, nous sommes submergés et quand vous insistez, ils disent on n'a pas de moyen, on n'a pas de possibilité d'arriver. Alors les hôpitaux qui n'ont ni tests rapides, ni équipements et leur circuit qui n'est pas bien préparé gardent les malades qui développent tous les signes jusqu'à ce qu'ils finissent par mourir voire contaminer surtout les autres malades, leurs familles qui viennent lui rendre visite. Ils vont même jusqu'à contaminer les proches ou alors l'hôpital décide de transférer ces malades dans un autre hôpital », fait savoir Joseph Kakisingi.

Et de conclure : « Les hôpitaux  appellent l'équipe d'intervention rapide pour organiser le transfert sécurisé, mais les équipes d'intervention rapide  n'arrivent pas, ce qui fait que les malades vont en taxis, soit ils vont en bus, et pendant ce transfert, ils contaminent aussi un certain nombre des gens ».

La province du Sud-Kivu connaît un taux de 22,2% de taux de létalité, avec 14 morts sur 84 contaminés, les hôpitaux et centres hospitaliers sont submergés, dans certains centres de santé les malades couchent à même le sol.

Justin Mwamba