Du 18 mars au 25 avril, le Forum des femmes citoyennes et engagées pour la gouvernance, la démocratie et le développement (FOFECEGDD) a enregistré près de 370 plaintes au niveau de la police et observer un changement dans le rythme d'appels entrants. Marie Lukusa Kadima qui dirige cette structure revient en détails sur ces chiffres préoccupants et propose des pistes de solutions en cette période de confinement.
Vous avez récemment publié un communiqué pour alerter sur la hausse du taux de violences domestiques pendant le confinement. Comment l’échantillonnage a été réalisé ?
Marie Lukusa : il faut savoir que les violences domestiques existent depuis toujours en RDC. Elles ne sont cependant pas signalées, en raison de leur caractère complexe, de la non prise en compte dans le plan stratégique national genre, de l'absence d'une loi spécifique en la matière, ainsi que les us, coutumes et traditions rétrogrades qui alimentent sa survie. Depuis juin 2019, nous avons lancé une série de sensibilisations pour pousser les victimes et témoins à dénoncer ces faits. Jusqu'en février 2020, on enregistrait au moins trois (3) appels par mois. Mais à partir de mars 2020, avec l'avènement de la pandémie Covid19 et ses mesures d'accompagnement pour la riposte dont le confinement, nous assistons à une flambée de cas de violences d'où notre alerte dans ce communiqué. Du 18 mars au 25 avril, nous avons enregistré près de 370 plaintes au niveau de la police et observer un changement dans le rythme d'appels entrants, nous recevons près de 10 appels par jour et même à minuit nos téléphones sonnent.
Combien de cas avez-vous déjà enregistré ?
Marie Lukusa : outre les 370 plaintes , il ya près de 400 fiches ou cas enregistrés.
Quelle est la cause la plus récurrente dans ces cas de violences ?
Marie Lukusa : l’expression du stress par la violence, l'alcoolisme et la drogue, l'insatisfaction à certains besoins demeurent les causes les plus fréquentes.
Quel accompagnement proposez-vous aux victimes ?
Marie Lukusa : l'accompagnement se fait selon le cas, certains sollicitent une assistance judiciaire et d’autres s'orientent vers l'assistance médicale mais dans tous les cas, l'assistance psychologique est inévitable.
Dans le communiqué, vous avez recommandé aux autorités congolaises de mettre en place un numéro vert. Comment sera-t-il coordonné ?
Marie Lukusa : en ce qui concerne le numéro vert tel que recommandé dans notre communiqué, sa gestion devra revenir à la police. Que les autorités policières créent une brigade ou unité spéciale pour les violences domestiques dont les membres devront préalablement être formés.
Comment garantir aux victimes la confidentialité ?
Marie Lukusa : au sein du Forum, chaque victime a un code spécifique et personnel. C’est sur base de ce code que nous faisons le suivi. Et même au niveau des parquets, un travail doit être fait dans ce sens.
Le Forum des Femmes citoyennes et engagées pour la gouvernance, la démocratie et le développement (FOFECEGDD) a été créé en Avril 2018 et projette de publier un rapport à mi-parcours sur les droits des femmes en RDC, à la fin du mois de juin, et un autre rapport annuel final au mois de décembre 2020.
Propos recueillis par Prisca Lokale