Polyester, gabardine ou encore en pagne, les masques ne passent plus inaperçus dans les rues de Kinshasa. Depuis le 21 avril le port du masque est devenu obligatoire. A chaque catégorie, s’attachent une raison et un prix. Rencontre avec des couturiers qui nous expliquent comment ils s’y prennent depuis quelques semaines.
«Ce tissu est très souple. Même doublé, il ne gênera pas la respiration, » soutient Lucie Mangele pendant qu’elle confectionne des masques en tinteron blanc.. « Ce tissu va également permettre aux clients de repérer la moindre saleté et nettoyer le masque. Sur un lot de 40 pièces, j’en ai déjà vendu 10 à un prix unitaire de 500 francs congolais. Nous connaissons une situation économique très particulière, je voudrais que chaque habitant de mon quartier se procure au moins un masque » explique cette couturière dont l’atelier est situé sur l’avenue Kitega à Lingwala.
Si pour Lucie la réalité économique a influé sur le prix des masques, Hervé, responsable d’un atelier situé au croisement des avenues Kalembelembe et Huileries a fixé le prix de chaque masque en fonction de sa qualité. « J’ai déjà disponibilisé un lot de 500 pièces. Jusque-là, nous en avons vendu environ 150. Des masques en polyester sont vendus à 2500 FC, ils sont plus durables.Pour les masque en pagne, j’ai fixé le prix de 1500 FC, et les derniers sont en tergal, la pièce revient à 1000 francs congolais » explique Hervé tout en poursuivant « en dehors du tissu, il faut également penser à la main d‘œuvre et tous les autres achats.»
Dans la commune de Kinshasa, les ateliers Maya et Ngeleko Fils produisent des masques en tissu depuis plusieurs années. L’un a choisi de les vendre par pièce à 800 FC, tandis que l’autre projette de faire un don au ministère de la santé.
« Je travaille en collaboration avec les hôpitaux et autres sociétés médicales depuis plus de 10 ans. J’utilise essentiellement le tissu gabardine et parfois polyester pour la confection des toutes les tenues. Ces tenues sont simples et ne demandent pas une doublure. En ce qui concerne la confection des masques, je vends une pièce à plus ou moins 800 francs, » confie maître Ngeleko.
« Je n’ai pas reçu de commande jusque-là. Cependant, j’ai appris à travers les médias que nous devrions aussi nous engager dans cette lutte contre Covid-19. Je suis en train de confectionner un lot de 100 masques en tergal, je pourrais les confier au ministère de la santé, qui à son tour va les distribuer soit à son personnel, soit aux malades. C’est ma contribution » dit Joseph, responsable de l’atelier Maya sur le croisement des avenues Kapanga et Kasa-Vubu.
Le port des masques, même de fabrication artisanale est devenu obligatoire dans tout Kinshasa, depuis ce 21 avril, une des mesures préconisées par l’équipe de la riposte de la maladie à coronavirus. A ce jour, on compte 442 cas confirmés, 50 guéris, 216 cas suspects en cours d’investigation.
Prisca Lokale