La société civile de Butembo (Nord-Kivu) dénonce l’inattention du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) face à ce qu’elle qualifie de génocide en cours, depuis 2014, dans la région de Beni, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Devant la presse, samedi 11 janvier dernier à Butembo, le président des forces vives locales, l’Abbé Téléphone Malonga dit s’étonner de constater que ce bureau de l’ONU n’a pas porté la même attention sur le «génocide de Beni», comme il l’a fait pour les crimes enregistrés ces deux dernières années dans la région de Djugu, dans l’Ituri voisin.
« La coordination de la société civile de Butembo se réjouit du rapport rendu ce mois de janvier 2020 par le Bureau conjoint aux droits de l’homme des Nations Unies concernant les violences de Djugu, en province de l'Ituri, dénonçant les graves crimes contre l'humanité et le possible génocide contre le peuple Hema, majoritairement victime d'un conflit qui, entre 2017 et 2019, avait fait environ 701 victimes. Pourtant la société civile de Butembo ne peut manquer de s'étonner que ce Bureau n'ait pas porté la meme attention sur le conflit et le génocide de Beni ville et territoire, dans lequel plus de 2000 personnes, majoritairement des Nande ont été sauvagement et délibérément massacrés », s’inquiète l’Abbé Téléphone Malonga.
D’après cet enseignant de droit à l’Université catholique du Graben (UCG) à Butembo, les massacres des civils enregistrés à Beni depuis 2014 sont des actes pouvant constituer le crime de génocide.
« Le déversement des populations des pays voisins récemment dénoncé par son Eminence le Cardinal AMBONGO à l’issue de sa visite pastorale au diocèse de Butembo-Beni laisse croire que les massacres s’inscrivent dans une planification de l’élimination d’un groupe en raison de son appartenance ethnique, leur donnant ainsi le caractère d’un génocide. Il est négativement surprenant qu’un conflit moins meurtrier attire plus rapidement le bureau conjoint aux droits de l’homme. Ce sont des telles attitudes discriminatoires qui alimentent la thèse d’un complot international contre le peuple Nande», déclare-t-il.
Pour la première fois, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BNUDH) a indiqué, dans un rapport, que les tueries dans le territoire de Djugu (Ituri) «pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l'humanité» voire de «crime de génocide». Ces violences commencées en 2017 ont fait au moins 701 morts, rapporte l’ONU qui précise que les victimes se retrouvent principalement dans la communauté Hema. Au moins 402 hemas auraient été tués entre décembre 2017 et septembre 2019.
Claude Sengenya