<em>« Il y a quelque chose qui ne marche pas bien au Congo. Je crois que c’est un mauvais indicateur que notre pays connaisse une récession budgétaire»</em>. C’est avec ces mots que l’économiste Al Kitenge décrypte la situation budgétaire de la RDC. Dans l'interview qu’il a accordée à ACTUALITE.CD, cet analyste économique fait le point sur la régression du budget tel qu’il a été présenté la semaine passée à l’Assemblée nationale par le Premier ministre Matata Ponyo.
<strong>Comment réagissez-vous à propos de ce projet de loi budgétaire en régression présenté la semaine dernière ? </strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-90" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="90">« Il y a sûrement quelque chose qui ne marche pas. Nous sommes un pays qui affiche une croissance économique. Donc il est scandaleux que nous affichions une récession budgétaire. Je crois que c’est un mauvais indicateur que notre pays connaisse une récession budgétaire parce que l’État n’aura pas suffisamment des moyens pour s’occuper de l’essentiel. Nous sommes déjà un pays très pauvre par tête d’habitant et il est inacceptable que nous continuons à reculer. J’en appelle à un peu d’innovation, à réaliser de choses extraordinaires pour sortir du gouffre ».</blockquote>
<strong>De 2015 à 2017 l’on est passé de 9,6 milliards de dollars à 4,5 milliards de dollars. Comment expliquer cette régression ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-90" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="90">« Il faut savoir que c’est le gouvernement qui nous a ramené d’abord à 6.5 milliards de dollars américains. Celui-ci justifiait cette régression par des difficultés liées au revenu attendu du coté de ressources minières. Mais la réalité c’est qu’à chaque fois qu’on affiche un budget, il reste souvent théorique. En réalité on ne l'atteint pas, ni dans les recettes internes ni dans la mobilisation des ressources avec des partenaires. Nous sommes tenus de nous accorder à la réalité et à reconnaitre que notre situation est aussi précaire. C’est une première base de discussion pour dire aux congolais que nous nous sommes simplement pauvres. Il est important d’ouvrir les yeux pour décider ensemble de quelle manière nous allons quitter le sentier battu pour faire des choses extraordinaires. En plus de tout ça, nous sommes un pays sous administré. L’économie qui est en grande partie dans l’informel place l’État dans l’impossibilité de tout surveiller. L’État n’a pas de moyens pour s’occuper des missions régaliennes ».</blockquote>
<strong>Que faut-il faire pour redresser la barre ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-90" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="90">« Il faut prioriser l’économie du pays et mettre en berne les discussions politiciennes qui distraient les gens. Il faudrait avoir un plan de travail. Ceci manque cruellement à notre pays. Le jour où nous aurons un plan de travail vous verrez que les missions à accomplir manqueront d’ouvriers. Lorsqu’on dit que la RDC a un PIB le plus faible par habitant ça veut dire que nous ne travaillons pas. Il est donc important d’avoir un plan de mise à contribution de chaque citoyen où qu’il soit ».</blockquote>
Interview réalisée par Franck Ngonga