Le gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), André Wameso, a procédé ce lundi 10 novembre 2025, à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, au lancement des travaux de la retraite de réflexion destinée à élaborer le Plan stratégique 2026-2031 de l’institution. Ces assises font suite à une évaluation globale de la Banque, menée à travers des sondages internes et externes, ainsi qu’un audit organisationnel approfondi.
Selon la cellule de communication de la BCC, cette retraite vise plusieurs objectifs : formuler une vision cohérente avec le diagnostic établi, définir les axes prioritaires d’action pour la période retenue, et identifier les mécanismes de mise en œuvre ainsi qu’un modèle de gouvernance adapté. L’organisation de ces travaux, enrichie par la contribution d’éminents professeurs d’universités et de consultants de renommée internationale, permettra de projeter la Banque sur un horizon de moyen et long terme, aligné sur les missions fondamentales reconnues par le législateur.
"Restons attachés à notre Banque. En attendant les conclusions de la retraite stratégique, mettons-nous tous au travail avec détermination pour relever nos défis : assurer la stabilité monétaire, la stabilité des prix et la stabilité financière. Faisons de la Banque centrale un véritable moteur de croissance économique et de prospérité pour notre nation et notre population", a déclaré André Wameso, gouverneur de la BCC.
Une retraite stratégique ancrée dans la symbolique et la mémoire
En marge de cette retraite, le gouverneur et les membres du Conseil de la BCC ont effectué deux visites : l’une à la Direction provinciale de l’Institut d’émission, et l’autre au Mémorial de Kisangani. Lors de sa visite à la direction provinciale, André Wameso a écouté tour à tour la représentante du syndicat et le directeur provincial. Le banc syndical a salué le sens de l’écoute du Top Management, notamment à travers l’organisation d’un sondage interne sur la perception de la Banque par son personnel, et s’est dit rassuré quant à la prise en compte de ses doléances.
Pour sa part, le directeur provincial a félicité le gouverneur pour avoir su, en un temps record et malgré les difficultés, raffermir le franc congolais, le comparant à un pêcheur Wagenia, dont l’art demande précision, équilibre, courage et savoir-faire.
Face aux préoccupations relatives au renforcement du personnel, à sa formation, à la réhabilitation du bâtiment (érigé avant l’indépendance) et à son équipement, le gouverneur a assuré que le « Plan stratégique de Kisangani », ainsi baptisé en référence à la Constitution de Luluabourg, intègre un volet investissement consacré à la restauration de l’image et des fonctions de la Banque centrale dans les entités provinciales. S’agissant particulièrement de Kisangani, il a donné des instructions précises pour un renforcement qualitatif et quantitatif du personnel, ainsi que pour l’accélération des travaux de réfection du patrimoine immobilier.
Un nouveau fourgon sécurisé sera également acquis pour le convoyage des fonds.
Un geste symbolique : le cocotier, image de la résilience monétaire
Le gouverneur de la BCC a également planté un cocotier devant l’entrée principale de l’immeuble.
"Ce choix n’est pas anodin : le cocotier symbolise une résistance souple. Il ploie sous le vent sans se briser. Ses racines profondes l’ancrent solidement dans le sol, tandis que sa tige flexible lui permet d’amortir les rafales. De la même manière, une politique monétaire bien conduite permet à l’économie de résister aux tempêtes financières sans rompre l’équilibre",explique le cabinet du gouverneur.
En plantant cet arbre de ses propres mains, André Wameso rappelle que la force d’une monnaie réside moins dans sa rigidité que dans sa capacité d’adaptation face aux turbulences économiques.
Hommage aux victimes de la guerre de Six Jours
Au Mémorial de Kisangani, le gouverneur de la BCC a rendu un hommage solennel aux victimes de la guerre de Six Jours (5 au 10 juin 2000), qui opposa les armées rwandaise et ougandaise dans la ville martyre. Le site commémoratif comprend trois stèles représentant les différentes catégories de victimes celles tuées lors des affrontements, celles jetées dans le fleuve, et celles enterrées dans des fosses communes ainsi qu’un mausolée, un musée retraçant l’histoire du conflit, et un champ de croix en mémoire des violations massives des droits humains.
En se recueillant ainsi, André Wameso a réaffirmé l’importance du devoir de mémoire dans la construction d’une stabilité durable. Son geste, empreint d’éthique et de responsabilité civique, souligne que la stabilité économique ne peut se dissocier de la stabilité humaine et sociale, la mémoire collective étant le socle de la résilience nationale.
Clément MUAMBA