Tanganyika : près de 28 000 déplacés du Sud-Kivu identifiés, une forte pression sur les capacités locales (OCHA)

Mouvements des déplacés de Sake vers Goma
Mouvements des déplacés de Sake vers Goma

Les conséquences des combats opposant la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, aux forces gouvernementales dans la province du Sud-Kivu se font de plus en plus ressentir dans l’espace du Grand Katanga, particulièrement dans la province voisine du Tanganyika.

Selon les données publiées vendredi 26 décembre 2025 par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), près de 28 000 personnes déplacées en provenance du Sud-Kivu ont déjà été identifiées dans cette province. L’agence onusienne souligne que cet afflux exerce une pression considérable sur les capacités locales d’accueil et de prise en charge.

« La province du Tanganyika demeure fortement affectée par la détérioration de la situation sécuritaire au Sud-Kivu. À l’issue d’une évaluation rapide multisectorielle menée du 19 au 21 décembre par la Croix-Rouge, avec l’appui de l’UNICEF, près de 28 000 personnes déplacées, originaires principalement d’Uvira, Baraka et Makobola, ont été identifiées dans la zone de santé de Nyemba, territoire de Kalemie. Ces ménages ont fui les violences armées. Cet afflux représente environ 74 % de la population de la communauté hôte, estimée à 37 735 personnes, exerçant ainsi une pression considérable sur les capacités locales », précise l’OCHA.

D’après le même document, la majorité des déplacés sont actuellement hébergés dans des écoles et des églises. Ils font face à des besoins humanitaires urgents, notamment en matière de santé, de nutrition, d’abris, de sécurité alimentaire, d’eau, d’hygiène et d’assainissement.

L’OCHA indique par ailleurs que depuis le 2 décembre, l’intensification des affrontements armés dans le Sud-Kivu a provoqué le déplacement d’environ 500 000 personnes à travers plusieurs zones de santé, notamment Ruzizi, Lemera (territoire d’Uvira), Nundu, Fizi (territoire de Fizi), Kalehe (territoire de Kalehe), ainsi que Nyemba et Kalemie dans la province du Tanganyika. Ces populations trouvent refuge dans des espaces publics — écoles, églises —, sur des sites surpeuplés ou au sein de communautés d’accueil déjà fortement sollicitées. Leurs besoins immédiats concernent principalement la sécurité alimentaire, les abris, les articles ménagers essentiels, la santé, l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la protection.

Les agences du système des Nations unies confirment qu’au-delà des frontières congolaises, la crise a également des répercussions régionales. Depuis le début du mois de décembre, environ 500 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Sud-Kivu. Par ailleurs, au Burundi, l’arrivée de près de 85 000 nouveaux migrants — dont des réfugiés congolais et des Burundais de retour — a accru la pression sur un système humanitaire déjà fragile. Les points de passage frontaliers et les centres de transit fonctionnent désormais à près du double de leur capacité.

Face à cette situation, bien que largement insuffisante au regard de l’ampleur des besoins, une nouvelle enveloppe de 13,5 millions de dollars américains a été débloquée pour fournir une assistance humanitaire d’urgence dans la région des Grands Lacs. L’annonce a été faite vendredi 24 décembre 2025 par Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’OCHA.

Cette aide tient compte à la fois des personnes déplacées présentes au Burundi, pour un montant de 3,5 millions de dollars, et de celles se trouvant dans l’est de la RDC, qui bénéficieront des 10 millions de dollars restants. Les autorités burundaises indiquent que les récents combats, ayant conduit à l’occupation de la ville d’Uvira par la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, ont également eu des répercussions sécuritaires sur leur territoire.

Clément Muamba