Le gouvernement de la République, par le biais du ministère de la Communication et des Médias, s'apprête à lancer dans les prochains jours une nouvelle campagne citoyenne "Zala Ekenge, Belela " (NDLR : "Soyons vigilants et alertons "). La note d'information relative à cette initiative a été validée lors de la réunion du Conseil des ministres tenue le vendredi 26 décembre 2025 à la Cité de l'Union africaine sous la direction du Chef de l'État Félix Tshisekedi.
Cette démarche fait suite aux instructions du Chef de l'État, données lors de la 70ᵉ réunion du Conseil des ministres, demandant au porte-parole du gouvernement de mobiliser les médias afin de sensibiliser la population à la vigilance. Chaque citoyen est ainsi invité à signaler tout comportement suspect et à éviter tout relâchement pouvant offrir une opportunité aux ennemis de la République. La campagne sera déclinée dans les quatre langues nationales.
"Cette campagne s’appuiera sur des actions adaptées permettant à encadrer l’action publique autour des objectifs clairement définis, de cibles précisément identifiées et de mécanismes de communication en adéquation avec les réalités nationales. Ce dispositif permettra d’assurer la cohérence des messages diffusés, la coordination des interventions des différents acteurs médiatiques et la permanence de la parole gouvernementale, tout en préservant la flexibilité requise pour s’ajuster à l’évolution du contexte sécuritaire et informationnel", renseigne le compte rendu de la réunion
Durant la période des festivités de fin d’année, révèle le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, il sera notamment question d’encourager l’alignement des communications sectorielles des ministres concernés sur les messages institutionnels validés afin de préserver la cohérence de la parole gouvernementale, de renforcer la coordination intersectorielle, en particulier avec les ministères en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, de la Défense afin de garantir la complémentarité entre communication préventive et action stratégique, ainsi que de soutenir les mécanismes de veille et de réaction rapide face à la désinformation en tant qu'outil de protection de la stabilité sociale et de la crédibilité de l’État.
Sollicitant l’accompagnement du gouvernement, le ministre de la Communication et des Médias a précisé que la campagne nationale de vigilance " Zale Ekenge, Belela " participe au renforcement de la souveraineté narrative du pays en inscrivant la vigilance citoyenne dans une logique de responsabilité partagée entre l’État et la population. Elle contribue à la mobilisation du front populaire comme levier de prévention, de cohésion nationale et de protection collective, particulièrement en cette période sensible de fin d’année 2025, marquée notamment par l’agression du territoire national.
Cette nouvelle campagne s’apprête à être lancée dans un contexte marqué par l’agression rwandaise à travers la rébellion de l’AFC/M23, ainsi que par l’activisme d’autres groupes armés locaux et étrangers. Au lendemain de la chute de Goma et de Bukavu, et après l’échec du processus de Luanda, l’Accord de Washington et le processus de Doha ont été initiés. Ils se positionnent comme deux volets complémentaires des principales initiatives diplomatiques visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et des groupes armés tels que le M23.
Après la signature de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda, sous les auspices des États-Unis d’Amérique, les discussions se poursuivent à Doha. Celles-ci visent à compléter l’Accord de Washington en abordant les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et la réintégration des groupes armés.
Parallèlement à ces initiatives, l’Église catholique et l’Église du Christ au Congo (ECC) portent une initiative intitulée « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs ». Selon les deux Églises, cette démarche vise à créer un cadre de dialogue inclusif en vue d’instaurer une paix durable, de favoriser la réconciliation nationale et de renforcer la cohésion régionale après des décennies de conflits. Elle repose sur le respect mutuel et la justice sociale afin de construire un avenir commun en harmonie.
Les deux confessions religieuses estiment que les seuls processus de Washington et de Doha ne suffisent pas à résoudre la crise en RDC et dans la région des Grands Lacs. Lors d’une réunion des évêques d’Afrique centrale, le cardinal et archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a affirmé qu’une véritable paix est une paix « désarmée et désarmante ». Selon lui, les récentes évolutions de la situation sécuritaire dans l’Est du pays démontrent les limites des initiatives de paix actuellement en cours, en référence aux processus de Washington et de Doha.
Appelé à poser des actes d’État pour convoquer ce dialogue national, à la suite de la publication de la feuille de route élaborée par les confessions religieuses afin d’appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis et le Qatar, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut se tenir en dehors de son initiative.
Clément MUAMBA