La mise en œuvre de l’accord de partenariat stratégique entre le gouvernement des États-Unis d’Amérique et le gouvernement de la République démocratique du Congo a déjà commencé, avec l’installation des différents leviers prévus dans ce document, signé sous les auspices de l’administration Trump. Selon le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale et signataire pour le compte de la RDC, le Comité de pilotage conjoint a déjà été constitué avec les représentants de chaque État.
Cette démarche est conforme à l’une des dispositions de l’accord, qui prévoit que les parties s’informent mutuellement par écrit des noms des dirigeants qu’elles nomment au sein du JSC (Joint Steering Committee), au plus tard quinze jours après l’entrée en vigueur du présent accord. Il s’agit d’un organe de pilotage composé de dix membres, répartis à parts égales entre les deux États. Les représentants des États-Unis incluent, entre autres, un représentant de chacun des ministères suivants : le Département d’État, le Trésor, le Commerce et la Société américaine de financement du développement international (DFC), ainsi qu’un représentant d’une agence américaine sélectionnée. Côté congolais, le comité comprend des délégués de la Présidence et des ministères des Affaires étrangères, de l’Économie, des Finances et du Plan.
« Les leviers se mettent bien en place. Les deux États ont déjà désigné leurs représentants au JSC. Le comité a été constitué le 22/12/2025, à raison de cinq représentants chacun. Au sein de ce comité, les décisions se prennent par consensus », a réagi sur X, samedi 27 décembre 2025, Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale.
Selon le professeur Daniel Mukoko Samba, dès le début de l’année prochaine, c’est-à-dire la première semaine de janvier 2026, la RDC transmettra la liste de ses projets stratégiques ainsi que celle de ses réserves d’actifs stratégiques.
« Rappelons que les projets stratégiques sont ceux ayant la capacité de : 1) contribuer à la transformation industrielle de la RDC ; 2) renforcer les infrastructures, les systèmes énergétiques et technologiques essentiels à la diversification économique ; 3) soutenir la paix, la stabilité et l’autorité de l’État, en particulier dans les zones affectées par les conflits ; et 4) promouvoir un développement inclusif et une amélioration des moyens de subsistance de la population congolaise », a expliqué le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba.
Les États-Unis d’Amérique et la République démocratique du Congo ont signé à Washington un accord de partenariat stratégique destiné à encadrer et à accélérer une série de projets jugés prioritaires pour l’industrialisation du pays, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques et le développement d’infrastructures clés. Ce partenariat stratégique, précédemment qualifié de « deal minier », constitue l’une des composantes des accords de Washington, signés sous les auspices de l’administration Trump.
Toutefois, ce partenariat peine à faire l’unanimité dans l’environnement sociopolitique congolais et continue de susciter de vives critiques. Si, pour le gouvernement congolais, il traduit un niveau élevé de confiance entre les deux États, Fulgence Muteba Mugalu, archevêque de Lubumbashi (Haut-Katanga), le qualifie de bradage, estimant qu’il vise uniquement à sauver un régime au détriment de l’avenir de toute une nation. Selon lui, cet accord sacrifie le développement du pays et compromet le bien-être des générations futures.
L’accord mentionne plusieurs chantiers structurants considérés comme prioritaires, notamment la réhabilitation de la ligne ferroviaire RDC-Angola dans le cadre du corridor Sakania-Lobito, présenté comme un axe stratégique pour l’exportation de cuivre, de cobalt et de zinc. Les deux parties visent une synchronisation des travaux avec la partie angolaise et souhaitent mobiliser des financements publics et privés, y compris via des banques multilatérales.
Le texte reconnaît également le caractère stratégique du méga-projet hydroélectrique du Grand Inga, pour lequel un comité de coordination et de gouvernance doit être créé afin de faciliter le financement et de renforcer les opportunités pour les entreprises américaines dans le développement des différents volets du complexe énergétique.
Enfin, l’accord prévoit que les États-Unis soutiendront la formalisation du secteur minier artisanal, l’amélioration de la gouvernance minière, la production de données géologiques, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la création d’une « Strategic Minerals Reserve » en RDC, destinée à stabiliser les prix et à garantir un accès prévisible aux minerais critiques pour les industries américaines.
Clément MUAMBA