27 juin au 27 octobre 2025, cela fait exactement quatre mois depuis la signature de l’accord de paix dit « Accord de Washington » entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous les auspices des États-Unis. Considéré comme un instrument destiné à mettre fin aux tensions entre les deux États et à favoriser la stabilité dans la région des Grands Lacs, les progrès demeurent “fragiles” et “inégaux”, selon le nouveau rapport du Baromètre des Accords de Paix en Afrique.
« Quatre mois après la signature de l’Accord de Paix de Washington du 27 juin 2025 entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, les progrès demeurent fragiles et inégaux. Le suivi de la période septembre–octobre 2025 met en évidence une stagnation préoccupante du processus de mise en œuvre », révèle le rapport parvenu à ACTUALITE.CD ce mardi 28 octobre 2025.
Un taux d’exécution global en baisse
D’après le document, sur les 30 tâches identifiées dans l’accord, seules 17 (soit 56,6 %) ont connu un début de mise en œuvre, pour un taux global d’exécution de 21,6 % (65 points sur 300). En ne considérant que les tâches partiellement exécutées, le taux de réalisation atteint 38 % (soit 65 points sur 170), ce qui constitue un léger recul par rapport à la période de fin août 2025, où le taux était de 41 %.
Des avancées encourageantes mais limitées
Parmi les points positifs relevés pour la période septembre–octobre 2025, le rapport du Baromètre cite notamment :
• Le geste d’ouverture du président congolais envers son homologue rwandais, le 9 octobre 2025, l’invitant à faire preuve de courage politique pour œuvrer à une « paix des braves » ;
• La convergence entre la RDC et le Rwanda sur la fixation du 1er octobre 2025 comme date de lancement des opérations conjointes de neutralisation des FDLR et de levée des mesures défensives rwandaises, entérinée lors de la réunion du Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM) du 17 septembre 2025 ;
• La signature, le 14 octobre 2025, d’une entente entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 (soutenu par le Rwanda) portant sur la mise en place d’un mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu, dans le cadre du processus de Doha — initiative complémentaire à celle de Washington ;
• Le fonctionnement régulier du JSCM et du JOC (Comité de surveillance conjointe), confirmant la continuité institutionnelle dans le suivi de l’accord.
Des retards sur les points sensibles
En revanche, poursuit le rapport, les tâches les plus prioritaires de l’accord, notamment la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et la levée des mesures défensives rwandaises, accusent d’importants retards. Et ce, malgré l’adoption en septembre 2025 par les deux pays d’un calendrier conjoint fixant au 1er octobre le début des opérations prévues.
Les délégués du gouvernement congolais et ceux du Rwanda s'étaient réunis les 21 et 22 octobre 2025 à Washington, à l’occasion de la troisième réunion du Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM). Cette rencontre, tenue en présence des représentants des États-Unis, du Qatar et de la Commission de l’Union africaine, visait à faire le point sur la mise en œuvre de l’accord de paix.
« Les participants ont examiné les progrès accomplis depuis les réunions du Comité mixte de coordination des 17 et 18 septembre et du Comité d’opérations conjoint du 1er octobre, notamment les efforts déployés dans le cadre de la phase 1 de l’OPORD, axée sur la préparation, l’analyse des menaces et le partage d’informations. Sur cette base, les parties ont coordonné des actions spécifiques pour préparer la neutralisation des FDLR et la levée des mesures défensives du Rwanda », indique le communiqué final publié par le Département d’État américain le 22 octobre précisant que les membres du JSCM ont convenu de poursuivre le suivi des progrès réalisés et ont annoncé la tenue de la quatrième réunion du mécanisme les 19 et 20 novembre 2025.
L’Accord de Washington et le processus de Doha constituent les deux volets complémentaires des initiatives diplomatiques en cours pour mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, notamment ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés tels que le M23. Alors que l’accord de Washington, soutenu par les États-Unis, vise à restaurer les relations bilatérales et la coopération sécuritaire entre Kigali et Kinshasa, le processus de Doha s’attache à traiter les dimensions internes du conflit, en particulier la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et la réintégration des groupes armés.
Clément MUAMBA