Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs à Paris: Solidarités International salue l'initiative et souhaite des engagements concrets et proportionnés à l’ampleur des carences sur le terrain

Déplacés de Rutshuru au Nord-Kivu
Déplacés de Rutshuru au Nord-Kivu

Solidarités International salue l’initiative de la France en collaboration avec le Togo d’organiser, ce jeudi 30 octobre, une Conférence internationale dédiée à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs. Pour cette association d'aide humanitaire engagée depuis plus de 40 ans sur le terrain des conflits et des catastrophes, ce rendez-vous est crucial pour replacer la crise humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo au cœur des priorités internationales et mobiliser les fonds indispensables pour y répondre.

Depuis début 2025, la résurgence des hostilités est venue aggraver une crise déjà sévère. La prise des villes de Goma et de Bukavu par les forces du M23 (Mouvement du 23 Mars), ainsi que l’intensification des violences dans les régions de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu, ont renforcé l’insécurité et entravé l’accès humanitaire. Plus de 2,1 millions de personnes supplémentaires, dont un million d’enfants, ont été déplacées depuis janvier, portant le total à plus de 5,7 millions. 

« Le cycle de destruction et de reconstruction perpétue un état de vulnérabilité chronique, sape la résilience des communautés et gaspille des ressources limitées, des infrastructures d’eau et d’assainissement réparées en 2024 ont été détruites à la suite d’attaques ciblées. Une situation intolérable qui contribue à l’augmentation des cas de choléra. » déplore dans une déclaration faite ce lundi 27 octobre 2025 Justine Muzik Piquemal, directrice régionale chez Solidarités International.

Face à cette situation alarmante, une réponse coordonnée est plus urgente que jamais pour protéger les civils pris au piège dans ce conflit. Les accords de paix signés en juin et en juillet 2025 entre la RDC, le Rwanda et le M23 sont encourageants, mais doivent conduire à une désescalade du conflit. La Conférence de Paris devra se traduire par des engagements concrets et proportionnés à l’ampleur des carences sur le terrain. A l’heure actuelle, la situation ne permet pas de garantir aux populations le minimum établi par les standards humanitaires pour satisfaire leurs besoins vitaux.

Partout dans cette région de l’Est, les besoins sont criants et les capacités de la communauté humanitaire insuffisamment financées. Au 15 octobre 2025, seulement 16% du plan de réponse humanitaire à 2,5 milliards de dollars sont financés , un seuil historiquement bas et loin des 53% financés à la fin de l’année 2024, alors même que plus de 21,2 millions de personnes ont besoin d’aide.

« L'ampleur dévastatrice du conflit en cours nécessite un front diplomatique humanitaire renforcé et unifié visant à poser les jalons d'un relèvement durable », plaide Kevin Goldberg, directeur général de l’ONG. 

Face à cette situation extrêmement préoccupante, Solidarité Internationale exhorte à : augmenter et cibler les financements humanitaires à travers une approche fondée sur les besoins et les vulnérabilités des populations, en particulier dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ; protéger les civils et les infrastructures essentielles ; favoriser une réponse aux maladies d’origine hydrique, notamment le choléra ; soutenir un accès humanitaire sans entrave ; et assurer la protection du personnel humanitaire et garantir le respect des principes humanitaires via un dialogue renforcé avec les autorités compétentes.

La France organise ce jeudi 30 octobre à Paris une Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, en coordination étroite avec le Togo, médiateur de l’Union africaine sur les Grands Lacs. L’objectif principal de cette conférence est de mobiliser la communauté internationale pour répondre à l’urgence humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région. Elle vise également à soutenir la dynamique de négociation et de médiation en cours, portée par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine.

Selon ses initiateurs, la rencontre permettra en outre d’aborder l’approfondissement de l’intégration économique régionale, considérée comme un vecteur essentiel d’une paix durable. Elle se tiendra en marge du Forum de Paris sur la Paix.

Toujours selon Paris, cet événement offrira à la communauté internationale l’occasion de marquer son engagement en faveur de la paix et de la prospérité dans la région des Grands Lacs, tout en soutenant concrètement les populations locales.

Clément MUAMBA