RDC-M23: "La temporalité des négociations directes à Doha pourrait influencer significativement la mise en œuvre de l'accord de Washington" (Martin Ziakwau)

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Le professeur Martin Ziakwau s'est exprimé à la suite de la signature de la Déclaration de Principes entre les délégués du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et ceux de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (AFC/M23) samedi 19 juillet à Doha (Qatar). Qualifiée par plusieurs comme « pas essentiel ouvrant la voie à une paix durable », M. Ziakwau, chercheur sur les dynamiques sécuritaires dans l'Est de la RDC et la coopération régionale déplore le fait que le cessez-le-feu convenu dans cette nouvelle déclaration devait être d'application depuis la déclaration de principes signée au mois d'avril.

"La Déclaration de principes signée entre la RDC et l'AFC/M23 consacre un cessez-le-feu qui aurait dû être conclu peu après la Déclaration conjointe du 23 avril. Malgré les préalables posés pour affermir la confiance des parties, les négociations devront vite débuter sur les "causes profondes" des conflits armés dans l'Est du pays. Selon les contenus des déclarations de l'AFC/M23, ces problématiques engloberaient notamment des enjeux fonciers, démographiques et identitaires. Si ces matières sont inscrites à l'ordre des discussions à la suite de l'accord du 23 mars 2009, ceci pourrait ouvrir la boîte de Pandore dans le cadre des négociations à Doha, manquant d'inclusivité, nécessaire pour garantir un consensus national sur ces questions cruciales pour l'avenir du pays", a-t-il dit dans une note d’analyse parvenue à ACTUALITE.CD.

Pour lui, "la temporalité des négociations directes à Doha pourrait influencer significativement la mise en œuvre de l'accord de Washington du 27 juin dernier, dont le mécanisme conjoint de coordination  devrait être opérationnel à partir du 28 juillet”

“La signature de l'Accord de paix entre la RDC et l'AFC/M23 représente la condition sine qua non pour la neutralisation des FDLR. En effet, la persistance de l'occupation exclusive des zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par l'AFC/M23 entrave la sensibilisation des populations locales, un préalable au déclenchement des opérations de neutralisation des FDLR et de leurs supplétifs. L'effectivité de la neutralisation des FDLR et celle du désengagement des troupes rwandaises sont nécessaires à la mise en oeuvre du volet économique de l'accord de Washington impliquant la mise en place, par la RDC et le Rwanda, d'un cadre d'intégration économique régionale, en vue du déploiement des investissements américains", a souligné Martin Ziakwau.

Selon la déclaration de principes, les parties s’engagent à mettre en œuvre les dispositions de la présente Déclaration de principes immédiatement après sa signature, et au plus tard le 29 Juillet 2025. Les Parties conviennent d’ouvrir des négociations directes immédiatement après la mise en œuvre des engagements contenus dans la présente Déclaration de principes, en vue de lancer les discussions sur un accord de paix au plus tard le 8 Août 2025. 

Ces négociations s’inscriront dans le cadre de l’Accord de paix entre la République Démocratique du Congo et la République du Rwanda, signé à Washington le 27 Juin 2025. Les Parties s’engagent à mener les négociations d’un accord de paix global dans un esprit de responsabilité, de coopération et de compromis, avec pour objectif de parvenir à un consensus et de signer l’accord au plus tard le 17 Août 2025.

Dans le document, les parties expriment leur profonde reconnaissance à l’État du Qatar pour son rôle déterminant dans la facilitation du dialogue ayant conduit à la présente Déclaration de principes. Les Parties remercient également les États-Unis d’Amérique pour leur soutien constructif au processus de paix conduit à Doha. Dans le même registre, les Parties saluent les efforts continus de l’Union Africaine, engagée depuis le début du processus de paix, et réaffirment leur appréciation pour son engagement constant en faveur de la stabilité et de la réconciliation dans la région.

La signature de cet accord de principes intervient dans un contexte marqué par des accusations mutuelles de renforcement militaire dans les lignes des fronts et sur l'ensemble du théâtre des opérations. Pour Kinshasa, la rébellion soutenue de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda ambitionne de prendre le contrôle de la ville d'Uvira dans la province du Sud-Kivu.

Clément MUAMBA