Médecins Sans Frontières (MSF) a alerté le samedi 19 juillet dernier sur une hausse des cas de mortalité infantile à l’hôpital général de référence de Walikale (Nord-Kivu). Selon cette organisation médicale d’urgence, 34 enfants ont perdu la vie au mois de mai dernier dans un contexte de dégradation de la situation humanitaire, marqué par une flambée des violences armées et des déplacements massifs de populations.
Depuis six mois, l’hôpital de Walikale fait face à une pression croissante. Les admissions y ont augmenté de 6,7 % par rapport au premier semestre de 2024, selon les données compilées par MSF. De nombreux enfants arrivent dans un état critique, en grande partie à cause de la malnutrition aiguë et du manque d'accès aux soins de base, fait savoir Nathalia Torrent, cheffe de programmes MSF au Nord-Kivu.
Le territoire de Walikale est devenu depuis plusieurs mois le théâtre d’intenses affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les milices d’autodéfense wazalendo alliées aux Forces armées de la RDC (FARDC).
Le 10 juillet dernier, une attaque rebelle a été repoussée de Mitembe jusqu’à Ihula, dans le groupement de Kisimba. Entre le 30 juin et le 5 juillet 2025, plus de 16 600 personnes, issues de plus de 3 400 ménages, ont été contraintes de fuir leurs habitations, selon les alertes publiées sur la plateforme Ehtools.
Dans le seul territoire de Walikale, plus de 11 000 personnes se sont déplacées à l’intérieur même du territoire, trouvant refuge dans la forêt environnante, l’hôpital général de référence ou encore la paroisse catholique. Les quartiers de Nyabangi, Kimbanseke, Nyalusukula, Camp T.P, Kigoma, Kamisuku, Kangambili et Mubalaka sont parmi les plus affectés, avec des conditions de vie extrêmement précaires pour les enfants non accompagnés, les femmes enceintes et les personnes âgées.
L’unité thérapeutique nutritionnelle intensive de l’hôpital de Walikale a enregistré une hausse de 41,3 % des admissions. La majorité des décès d’enfants est liée à la malnutrition sévère, aggravée par l’interruption des programmes nutritionnels ambulatoires depuis mars 2025.
Nathalia Torrent, cheffe de programmes pour MSF au Nord-Kivu, déplore que les programmes nutritionnels aient été interrompus, laissant les centres de santé sans intrants essentiels.
Elle appelle à un soutien urgent des partenaires humanitaires pour éviter une catastrophe majeure, alors que l’hôpital de Walikale fait face à une pression intense, avec de nombreux enfants arrivant dans des états critiques.
Depuis fin 2024, le retrait de plusieurs organisations internationales pour des raisons de financement laisse MSF comme la seule organisation humanitaire encore active sur le terrain à Walikale, augmentant considérablement la charge sur ses équipes.
Josué Mutanava, à Goma