Kinshasa : Hydroquinone et injections blanchissantes, une menace croissante pour la santé des femmes

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

L’usage de produits dépigmentants et d’injections blanchissantes gagne du terrain chez les jeunes femmes à Kinshasa. Derrière cette tendance, se cachent pourtant de sérieux risques pour la santé. Le Desk Femme de ACTUALITE.CD s’est rendu à l’hôpital de la Rive, dans la commune de Ngaliema, afin d’approfondir sur la situation.

Selon le dermatologue Jean Pasteur, l’utilisation de ces produits entraîne une évolution en plusieurs étapes : immédiatement, la peau paraît plus claire car la première couche de l’épiderme est détruite. À moyen terme, apparaissent des taches appelées hypochromie, signes d’un trouble de la pigmentation : la peau perd son teint normal, devient irrégulière et parfois plus sombre. À long terme, l’épiderme est gravement endommagé, ce qui peut provoquer des lésions irréversibles et augmenter le risque de cancer de la peau.

« Je déconseille fortement aux jeunes filles d’utiliser des produits dépigmentants, car ces pratiques mènent à des regrets à long terme et abîment irrémédiablement la peau », a-t-il dit.

Le spécialiste affirme avoir reçu de nombreuses patientes dont la peau ne peut plus retrouver son état naturel. « Certaines ont peur d’arrêter, craignant de redevenir plus noires », explique-t-il.

Pour lui, modifier sa peau revient à rejeter la création divine. 

« La beauté ne vient pas de la peau claire, mais de la manière dont on protège et valorise ce que Dieu nous a donné. Modifier sa peau, c’est rejeter l’œuvre du Seigneur, et cela conduit à des regrets », ajoute-t-il.

En plus des risques sanitaires, il estime que le recours à ces produits traduit souvent un manque d’acceptation de soi et une quête illusoire de beauté. Bien que connus en dermatologie, les produits à base d’hydroquinone ne sont pas médicalement recommandés. Ils sont vendus comme cosmétiques en parfumerie, mais la médecine privilégie des crèmes adaptées et respectueuses de la peau.

« J’encourage les femmes à protéger leur peau et à éviter les produits éclaircissants, notamment ceux contenant de l’hydroquinone », conseille-t-il.

Selon lui, ce phénomène est également culturel. L’influence de modèles de beauté venus d’ailleurs pousserait les jeunes filles à prendre des risques pour leur santé et leur avenir.

Becky Mawasa, étudiante à la Haute Ecole de Commerce et fondatrice de BM Cosmétique Bio, condamne fermement la dépigmentation, qu’elle juge dangereuse pour la santé et inutile sur le plan esthétique ». Elle dit connaître de nombreuses personnes ayant recours aux crèmes ou aux injections pour blanchir leur peau, mais elle-même privilégie les cosmétiques naturels qui hydratent et entretiennent la peau sans l’abîmer.

Selon elle, le blanchiment résulte souvent d’un complexe et peut entraîner, à long terme, de graves conséquences comme le cancer de la peau. Elle encourage les jeunes femmes à s’accepter telles qu’elles sont, affirmant que « la beauté réside dans l’entretien naturel et l’hydratation, et non dans le décapage de la peau ».

Joséphine Kalambay partage la même expérience.

« Oui, j’ai constaté que beaucoup de femmes à Kinshasa utilisent des injections ou des pilules pour éclaircir leur peau. On en parle souvent sur les réseaux sociaux ou dans les salons de beauté. Ce qui les motive, c’est la recherche d’un teint clair, perçu comme plus beau ou plus accepté. Les médias, les hommes ou parfois le milieu professionnel renforcent cette pression », dit-elle.

Et d’ajouter : 

« Apprenez à vous aimer telles que vous êtes. La vraie beauté ne réside pas dans la couleur de la peau, mais dans la santé, la confiance en soi et le respect de son corps. Ces produits peuvent causer des dommages graves ».

Déborah Misser Gbalanga, stagiaire