En marge de plusieurs rencontres diplomatiques et forums internationaux tenus aux États-Unis, un collectif de femmes congolaises issues de la société civile a lancé un plaidoyer en faveur d’une paix inclusive et durable en République Démocratique du Congo (RDC). Cette initiative vise à mobiliser la communauté internationale autour de la crise sécuritaire et humanitaire persistante dans l’est du pays, tout en réaffirmant le rôle essentiel des femmes et des jeunes dans la construction de la paix.
Les représentantes de la société civile dénoncent une application insuffisante des engagements pris par les États membres des Nations Unies à travers les résolutions 1325, 2250, 2242 et 2773, qui insistent sur la participation active des femmes et des jeunes dans la prévention des conflits et les processus de consolidation de la paix. Elles soulignent que, malgré ces cadres normatifs, leur représentation reste marginale dans les négociations, les instances de décision et les programmes de reconstruction.
Elles ont appelé à la mise en œuvre effective de ces résolutions, en exigeant notamment la création d’un mécanisme de suivi et d’évaluation transparent pour les plans d’action nationaux liés à la paix et à la sécurité. Elles ont également insisté sur la nécessité d’accorder un accès direct, équitable et sensible au genre aux ressources financières et naturelles y compris les ressources minières afin de permettre aux femmes et aux jeunes de jouer un rôle actif dans les efforts de stabilisation.
Dans un contexte où l’exploitation des ressources continue de nourrir les conflits, les signataires plaident pour une gouvernance équitable et inclusive de ces richesses, fondée sur le développement humain et le respect des droits de tous les citoyens. Pour elles, la paix ne peut être atteinte sans justice économique et territoriale. Elles réaffirment ainsi l’importance de respecter l’intégrité territoriale de la RDC, sans céder aux pressions visant à légitimer les occupations armées de certaines régions du pays.
L’urgence est également humanitaire. Les violences sexuelles, notamment les viols utilisés comme armes de guerre dans l’est du pays, demeurent alarmantes. Selon les données évoquées dans le plaidoyer, une femme serait violée toutes les quatre minutes. Face à cette réalité, les intervenantes appellent les autorités nationales et les organisations internationales à renforcer les dispositifs de protection, conformément aux résolutions 1888, 1960 et 2429. Elles exigent également que les auteurs de crimes de guerre soient sanctionnés, et que des mécanismes de justice transitionnelle soient mis en place pour restaurer la confiance des populations et favoriser la réconciliation.
Autre point de préoccupation majeur : la libre circulation des civils dans les zones occupées par des groupes armés. Les femmes de la société civile insistent sur la nécessité de garantir la sécurité de toutes les populations et de mettre fin à l’impunité qui prévaut dans ces régions.
Pour ces femmes congolaises, l’inclusion n’est pas seulement un principe : c’est une condition essentielle à la paix. Elles soulignent que leur expérience sur le terrain, leur proximité avec les communautés et leur engagement dans les initiatives locales leur confèrent une légitimité et une capacité d’action qui doivent être reconnues. Leur présence à Washington vise ainsi à porter cette voix au sein des instances internationales, mais aussi à interpeller les gouvernements partenaires et les bailleurs de fonds sur la nécessité d’agir sans délai.
Nancy Clémence Tshimueneka