La nuit du 5 avril, les pluies torrentielles ont provoqué des crues exceptionnelles dans le district de Tshangu à Kinshasa, submergeant les rues et inondant des milliers de maisons. Les communes de Limete, N’djili, Matete et d’autres localités ont été particulièrement touchées, laissant de nombreuses familles piégées par les eaux. En plus des destructions matérielles massives, cette tragédie a fait plusieurs victimes humaines. Malgré une mobilisation rapide des autorités locales, la situation reste critique pour de nombreuses familles, qui ont perdu leurs biens, leurs habitations et, dans certains cas, leurs proches.
Face à cette catastrophe, le DeskFemme a interrogé, ce lundi 7 avril, plusieurs femmes dans les rues de Kinshasa pour recueillir leurs propositions de solutions afin de remédier à cette situation.
Nana Mbole, couturière et mère de trois enfants vivant à Lemba, plaide pour une amélioration des infrastructures et de la gestion des eaux pluviales.
« L'absence d'infrastructures adaptées pour gérer les eaux pluviales est l'une des causes majeures des inondations à Kinshasa. Le gouvernement provincial doit œuvrer pour le bien-être de la population, surtout en cette période, en renforçant le système d'assainissement de la ville, notamment par la construction de canalisations et de drains capables d’évacuer rapidement les eaux de pluie. Il est également essentiel de revoir l’urbanisme de la ville en intégrant systématiquement des infrastructures de gestion des eaux dans les nouveaux projets de construction », a-t-elle souligné.
Aimerance Numbi, étudiante en environnement, insiste sur l'importance de la sensibilisation et de l'éducation des communautés.
« Il est important de renforcer la sensibilisation des communautés locales aux risques liés aux inondations. Les autorités doivent mettre en place des programmes éducatifs pour enseigner les pratiques préventives, telles que l’importance de ne pas obstruer les canalisations et comment mieux se préparer avant, pendant et après une inondation. Ces initiatives réduiraient les impacts des futures catastrophes », a-t-elle déclaré.
Miriam Munampelo, étudiante en urbanisme, propose la création de zones tampons et de réservoirs d'inondation.
« Afin de limiter les dégâts causés par les crues, il est nécessaire de créer des zones tampons ou des réservoirs d’inondation dans les quartiers vulnérables. Ces espaces, comme des bassins de rétention ou des espaces verts, pourraient jouer un rôle majeur en absorbant l'excès d’eau avant qu’elle ne se déverse dans les rues, réduisant ainsi le risque d'inondations soudaines et protégeant les zones résidentielles », a-t-elle expliqué.
Mimi Mafisi, gynécologue, appelle quant à elle au renforcement de la résilience des femmes et des enfants.
« Les femmes et les enfants sont souvent les plus touchés par les catastrophes naturelles. Les autorités doivent mettre en place des mesures spécifiques pour renforcer leur résilience, comme des programmes de formation sur la gestion des crises, des équipements d’urgence et des abris temporaires. De plus, des kits de secours, comprenant des produits de première nécessité et des outils de protection, devraient être distribués dans les zones à risque », a-t-elle insisté.
Kerene Kunefu, vendeuse d’habits au rond-point Ngaba, plaide pour des partenariats renforcés entre les autorités et les ONG.
« Il est important de renforcer les partenariats entre les autorités locales, les organisations humanitaires et les communautés. Le gouvernement doit élaborer un plan d’action coordonné pour la gestion des risques d'inondation, en tenant compte des besoins spécifiques des femmes, des enfants et des populations les plus vulnérables », a-t-elle martelé.
Ces inondations viennent une nouvelle fois mettre en lumière la vulnérabilité de Kinshasa face aux catastrophes naturelles. Si les initiatives de ces femmes sont adoptées, elles pourraient non seulement améliorer la gestion des eaux pluviales et réduire les risques d'inondation, mais aussi servir de modèle pour d’autres régions de la capitale et du pays.
Nancy Clémence Tshimueneka