La ville de Goma, dans l’Est de la RDC, est en proie à une crise sanitaire et sécuritaire sans précédent. Sous la menace des combats et d’épidémies meurtrières, plus d’un million de déplacés vivent dans des conditions extrêmes, sans accès suffisant à l’eau, à l’assainissement et aux soins médicaux. La situation s’est aggravée encore cette dernière semaine avec les combats entre les FARDC et l’armée rwandaise via les rebelles du M23.
Face à cette situation alarmante, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) exhorte les dirigeants africains à agir immédiatement pour éviter une catastrophe sanitaire à grande échelle. Dans un message adressé aux chefs d’État et de gouvernement africains, l’organisation met en garde contre les conséquences désastreuses de l’inaction et insiste sur l’urgence d’une intervention sanitaire et sécuritaire pour protéger les populations.
Goma, une ville avec 39 620 habitants par kilomètre carré, est devenue l’épicentre de multiples épidémies en raison des conditions de vie précaires et de la guerre qui s’éternise. L’un des plus grands dangers est la mutation du virus Mpox, qui a donné naissance à la souche Clade 1b, une variante hautement mortelle et transmissible sexuellement, identifiée pour la première fois en 2023.
Depuis Goma, constate Africa CDC, cette épidémie s’est propagée à 21 pays africains, notamment dans la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Les enfants et les jeunes sont les principales victimes de ce virus qui a déjà causé des milliers de décès.
Mais le Mpox n’est pas le seul fléau qui ravage la ville. Goma est également touchée par de violentes flambées de rougeole, de choléra et d’autres maladies infectieuses, exacerbées par le manque d’accès aux soins et aux infrastructures sanitaires.
« La situation sanitaire à Goma est une bombe à retardement. Si nous n’agissons pas immédiatement, nous risquons de voir émerger une crise épidémique d’une ampleur comparable à la COVID-19 », alerte Africa CDC.
Pour faire face à cette catastrophe, Africa CDC a mobilisé des vaccins et des fournitures médicales essentielles pour la population de Goma et l’est de la RDC. Cependant, les violences entravent l’acheminement de ces ressources vitales, empêchant les enfants, les femmes enceintes et les personnes vulnérables d’accéder aux soins dont ils ont désespérément besoin.
« Je suis prêt à me rendre personnellement à Goma pour superviser la livraison de ces interventions vitales – mais la sécurité est essentielle », a déclaré Jean Kaseya, directeur général d’Africa CDC.
L’organisation exhorte les gouvernements africains à garantir un accès sécurisé à l’aide humanitaire et à renforcer immédiatement la réponse sanitaire dans la région.
La prise de Goma par les forces M23-AFC-RDF aggrave la crise sécuritaire, humanitaire et économique dans la région. Les combats ont intensifié la détresse des populations locales, et Félix Tshisekedi a annoncé une riposte militaire pour récupérer les zones occupées.
Alors que la communauté internationale et les pays de la région appellent à une reprise du dialogue, la situation reste bloquée, notamment en raison de l’annulation de la réunion tripartite de Luanda. Si Kinshasa reste attachée au processus, Paul Kagame s’en distancie, multipliant les critiques à l’encontre de cette médiation dirigée par l’Angola.
Kuzamba Mbuangu