Mgr Fulgence Muteba Mugalu, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque de Lubumbashi, a dénoncé une interdiction émise par l'armée congolaise, qui lui interdisait de célébrer une messe dans le camp militaire Vangu, évoquant un "abus d'autorité" et des "tentatives d’intimidation".
Dans une correspondance datée du 23 novembre, le général de brigade Eddy Kapend Yrung, commandant de la 22ᵉ Région militaire, avait interdit "toute activité, y compris le culte catholique", au sein du camp, invoquant des "préoccupations sécuritaires". Malgré cet ordre, Mgr Muteba s’est rendu à la paroisse Saint-Sébastien pour célébrer la messe du Christ Roi de l’univers, accueillant une foule de fidèles.
"L’ordre donné était injuste et abusif. En tant que vicaire du Christ, je ne reçois pas d’ordres d’un maréchal ou d’un colonel", a déclaré Mgr Muteba dans un entretien accordé à la chaîne KTO. L’archevêque a également affirmé que l'interdiction visait à dissuader l'Église de revendiquer une concession foncière occupée par des militaires.
L’archidiocèse de Lubumbashi a qualifié cette interdiction de "confusion lamentable" et rappelé que la liberté religieuse est garantie par la Constitution congolaise. "On n’enchaîne pas la Parole de Dieu", a-t-il souligné dans un communiqué, citant une lettre de Saint Paul.
Cette controverse intervient dans un contexte d'insécurité accrue dans le Haut-Katanga. Mgr Muteba a exprimé sa préoccupation face à une "insécurité récurrente" et dénoncé la "faiblesse de l’autorité de l’État", exacerbée par le chômage massif des jeunes dans la région.
Les relations entre l'Église catholique et certaines autorités militaires restent tendues en RDC, particulièrement dans le Haut-Katanga, où l'Église accuse des responsables locaux d'intimidation pour des motifs liés à des litiges fonciers.
Mgr Muteba a également mis en garde contre les risques liés à une réforme constitutionnelle initiée par le gouvernement, estimant qu’un tel projet dans un contexte de tensions sociales et politiques pourrait être "une provocation dangereuse".
Le général Kapend a défendu son interdiction en affirmant qu’elle était nécessaire pour préserver la sécurité dans les camps militaires, mais cette justification a été jugée "fallacieuse" par l’archidiocèse.