RDC : Une motion de défiance déclenche des tensions au sein de l’Union sacrée

Photo d'illustration
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Une motion de défiance contre le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, a été déposée ce vendredi à l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, par un groupe de 57 députés. Ce dépôt a déclenché des tensions dans l’hémicycle, mettant en lumière des divergences au sein de l’Union sacrée, la coalition au pouvoir.  

Les initiateurs de la motion reprochent à Alexis Gisaro, en poste depuis 2021, l’état de délabrement avancé des infrastructures du pays. "La plupart des travaux financés ont été lancés et arrêtés, et d’autres n’ont jamais commencé", déplorent-ils dans leur texte, qui cite notamment les projets "Kinshasa zéro trou" et "Tshilejelu". Selon eux, le ministère peine à traduire en actes "la ferme volonté du président Félix Tshisekedi d’améliorer les conditions de vie du peuple congolais".  

Tensions au sein de l’Union sacrée  

Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale et membre de l’Union sacrée, a réagi avec fermeté face à cette initiative, en rejetant toute implication personnelle. "Allez ouvrir le secrétariat. Il semble qu’un groupe de députés de l’UDPS ait déposé une motion de défiance contre le gouvernement. C’est leur droit, mais ne m’impliquez pas", a-t-il déclaré, tout en affirmant qu’il n’empêchera pas le débat.  

Kamerhe a toutefois exprimé des réserves quant à l’impact de cette motion sur la cohésion de la majorité parlementaire. "Nous sommes une famille politique, une famille de partenaires. Comment pouvez-vous prendre une telle initiative sans en informer les autres ? Nous risquons de créer un précédent qui pourrait déstabiliser notre propre pouvoir", a-t-il averti.  

Déni de l’UDPS  

La motion, signée par le député Marcel Zuma, membre de la mosaïque UDPS, a également suscité des réactions de déni au sein du parti présidentiel. Daniel Aselo, député UDPS et secrétaire général adjoint, a nié tout lien entre cette initiative et son parti. "Je suis secrétaire général adjoint de l’UDPS. Nous n’avons jamais tenu une réunion pour décider du départ d’un ministre. Cela ne nous concerne pas", a-t-il déclaré.  

Aselo a également reproché à Vital Kamerhe de faire des amalgames. "Ce qui nous choque, c’est que vous exposez les partis politiques, alors que le règlement intérieur parle de députés agissant collectivement. Vous devez clarifier les choses", a-t-il insisté.  

Contexte de méfiance  

Cette motion fait suite à une interpellation du ministre Alexis Gisaro, mercredi dernier, devant la représentation nationale. Ses réponses, jugées insuffisantes par de nombreux députés, ont renforcé les critiques à son encontre. Les signataires de la motion évoquent également "la disparition des routes du jour au jour en pleine capitale" et dénoncent le "dysfonctionnement des structures rattachées au ministère".  Vital Kamerhe, tout en garantissant le respect des procédures, a appelé au calme et à la transparence. "Le jour où la motion sera publiée, nous saurons l’appartenance politique de chacun des signataires", a-t-il déclaré, en précisant que le débat doit se tenir dans les 48 heures, conformément à la Constitution et au règlement intérieur.