Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) est, comme l'opposition politique, contre le dessein du président de la République de réviser ou changer la constitution. Lors d'un point de presse à Kinshasa, cette structure considère que toute tentative visant à modifier la loi fondamentale constitue une « trahison à la nation », et annonce, dès ce mercredi, une série d'actions pacifiques à travers le pays pour faire barrage, conformément à l'article 64 de la loi sujet à caution.
« La LUCHA exprime sa ferme opposition aux manœuvres sournoises et irresponsables du président Félix Tshisekedi et son parti politique de vouloir modifier la constitution dans l'objectif de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats », lit-on dans son communiqué de presse.
Pour ce mouvement, la constitution de la RDC, dans son état actuel, est le fruit des luttes ardues et des sacrifices énormes de plusieurs Congolais, dont des militants de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel. Ainsi, “toute tentative de la modifier pour satisfaire les intérêts d'un régime corrompu, incapable et répressif constitue une trahison envers la nation et ses martyrs et ne fera que rallonger la souffrance qu'endure notre peuple du fait de la mauvaise gouvernance vécue dans notre pays depuis l'arrivée de Felix Tshisekedi au pouvoir en 2019”.
Et de poursuivre:
« À partir de ce mercredi 20 novembre 2024, nous organisons une série d'actions citoyennes implacables sur l'ensemble du territoire national pour faire échec à toutes les manœuvres du pouvoir en place. Une sensibilisation sans relâche débutera ce jour dans chaque province, ville, territoire, commune, village, quartier et avenue pour dire NON au changement ou à la modification de la Constitution. Nos actions seront d'une intensité extrême mais demeureront pacifiques conformément à nos valeurs et principes ».
Les activistes de ce mouvement citoyen rappellent Félix Tshisekedi que les travaux préparatoires qui avaient conduit à l'élaboration de l'actuelle constitution ont été exécutés à Kisangani “par des Congolais dont nombreux sont vivants aujourd'hui”, contrairement à ses dires affirmant qu'elle a été rédigée à l'étranger et par des étrangers. La LUCHA promet au président de la République qu'il se déploie pour le faire partir à la fin de son second mandat, en 2028.
« Par ailleurs, l'article 217 de la constitution ne parle aucunement de cession de territoire mais d'abandon partiel de la souveraineté en vue de promouvoir l'unité africaine. C'est d'ailleurs déjà le cas avec la participation de la RDC à différentes organisations internationales régionales et sous-régionales. Venant d'un président de la République qui, du reste, a récemment dirigé l'Union Africaine, ces contre-vérités sont insultantes et d'une extrême gravité. Nous veillerons à ce que vous quittiez le pouvoir au plus tard en 2028, au terme de votre second et dernier mandat. Toute tentative pour vous éterniser au pouvoir par des velléités de modification constitutionnelle sera farouchement combattue », ajoute-t-ils.
Lors de ses meeting populaires à Lubumbashi et Kipushi (Haut-Katanga), Félix Tshisekedi avait déclaré que personne ne l'empêcherait de mettre sur pied son projet qui, d'après lui, n'a pas pour but de tenter un troisième mandat. Il insiste sur cette idée en raison de certains articles, notamment 217, qu'il considère comme dangereux, estimant qu’il consacre la vente de la RDC aux États africains. Les opposants Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Delly Sessanga et autres mouvements de la société civile promettent des manifestations de rue pour faire échec à ce qu'ils considèrent comme manœuvre pour un troisième mandat.
Samyr LUKOMBO