L’homme politique congolais Seth Kikuni, détenu depuis le 2 septembre par l'Agence Nationale de Renseignements (ANR), va porter plainte contre l’Administrateur Général de cette institution pour « séquestration » et « mauvais traitements », a annoncé samedi son avocat, Me Ramazani Shabani. La plainte sera déposée en réponse à des « violations graves » des droits de M. Kikuni, notamment des agressions physiques et un accès restreint à sa défense, a précisé l'avocat.
Arrêté dans son bureau à Kinshasa, Seth Kikuni, ancien candidat à la présidence et leader du parti Piste pour l’Émergence, est accusé d'« incitation à la désobéissance civile » et de « diffusion de faux bruits », suite à un discours prononcé à Lubumbashi. Ces accusations sont rejetées par son parti, qui les qualifie de « préfabriquées » et sans fondement.
Me Shabani a dénoncé les conditions de détention de son client, affirmant qu'il a été détenu par l’ANR dans plusieurs bureaux et cachots différents sans être interrogé plus d’une fois durant les 12 premiers jours. « Ces actes violent les articles 18 et 60 de la Constitution », a-t-il souligné. L’avocat a également déclaré que Seth Kikuni a été agressé physiquement devant d’autres détenus lors de son arrestation.
L'état de santé de M. Kikuni, jugé préoccupant, a conduit ses avocats à demander une liberté provisoire pour qu'il puisse recevoir des soins médicaux urgents. Jusqu'à présent, l’accès de sa famille et de ses avocats à sa personne a été restreint, ce qui constitue une violation des droits de la défense, selon ses soutiens.
Le transfèrement de M. Kikuni devant le parquet général près la cour d’appel de Kinshasa Gombe a eu lieu le 13 septembre, après plusieurs jours de pression de la part des acteurs politiques de l’opposition et des organisations de la société civile, qui demandent le respect des droits fondamentaux garantis par la Constitution.
Dans un communiqué publié samedi, le parti politique de Seth Kikuni a dénoncé une atteinte à la liberté d’expression, affirmant que les accusations reposent sur des « propos fragmentés et décontextualisés ». Le porte-parole du parti, Nathanaël Onokomba, a déclaré que ces poursuites visaient à « réduire au silence les voix dissidentes ».