À l’UDPS, la guerre des chefs fait rage : deux ailes prêtes à en découdre

Militants de l'UDPS
Militants de l'UDPS à Kinshasa/Ph. ACTUALITE.CD

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) n’a jamais été aussi divisée sous Felix Tshisekedi. Depuis la fronde contre Augustin Kabuya, le secrétaire général du parti, la situation n’a cessé de se dégrader. La Convention démocratique de l’UDPS a pris une décision qui a mis le feu aux poudres : la nomination de Déogratias Bizibu comme secrétaire général intérimaire pour une période de six mois. Désormais, le parti se déchire en deux factions prêtes à s’affronter.

Un siège à prendre

Lunettes bien vissées sur le nez, cravate impeccablement ajustée, Déogratias Bizibu se tient avec assurance devant une foule de militants acquis à sa cause. À chaque mot, les applaudissements fusent. « Après l'adoption hier samedi par la Convention Démocratique du Parti du programme d'action pour les six mois d'intérim qui nous ont été accordés, place au travail à partir de nos bureaux de la Permanence Nationale de Limete dès ce samedi 7 septembre 2024 », déclare-t-il sous les acclamations.

La détermination de Bizibu est palpable : « Nous allons faire le travail sur le terrain. Je vais me rendre à la permanence de Limete avec toute mon équipe samedi. » Le message est clair : il est prêt à s’imposer comme le nouveau chef.

La riposte d’Augustin Kabuya

Mais Augustin Kabuya, loin de se laisser faire, contre-attaque. Ce week-end, il a réuni ses partisans au siège du parti, en lançant un avertissement sans équivoque. « Écoutez-moi ! Ils ont brandi des menaces pendant deux mois. Aujourd’hui, n’importe qui ose parler. Cette comédie n’a que trop duré. Nous allons les attendre ici. Nous allons nous défendre, et ce sera par légitime défense. Tout ce qui arrivera, arrivera. Pour tout ce qui arrivera, nous allons nous retrouver devant les cours et tribunaux. Ils vont nous poser la question : qui a provoqué l’autre ? Mobilisons-nous pour faire face à ces aventuriers », lance-t-il, les yeux flamboyants de colère.

L’arbitrage de Félix Tshisekedi

Face à cette guerre fratricide, le président Félix Tshisekedi, lui-même issu de l’UDPS, a fini par réagir. Interviewé en direct de la Belgique par la radio Top Congo début août, il a préféré éviter de trancher fermement, évoquant la « vitalité démocratique » au sein du parti et le choc des idées qui, selon lui, ferait jaillir la lumière. « L'UDPS, c'est mon école, je suis issu de là. J'ai fait toutes mes classes politiques à l'UDPS. Le président n'est pas inquiet du tout. Je me réfère d'ailleurs à un terme de mon mentor, notre leader historique, Étienne Tshisekedi, qui appelait ça vitalité démocratique. De ce choc des mots jaillira la lumière », a-t-il déclaré, adoptant une posture de sage observateur.

Pourtant, Félix Tshisekedi ne cache pas son malaise face à la tournure que prennent les événements. « Je ne veux pas que ça prenne des allures du genre avec ce qu'on avait avec la force du Progrès, que je condamne complètement. Mais je suis sûr que les choses vont rentrer dans l'ordre », espère-t-il, manifestement inquiet des débordements possibles.

Violences et tensions

Malgré les tentatives de médiation, la situation a dégénéré en violences. Le 6 août, deux groupes de militants de l’UDPS se sont affrontés devant le Palais du Peuple, où ils s’étaient rassemblés pour soutenir la candidature d’Idriss Mangala au poste de président du Sénat. Les échauffourées, marquées par des jets de projectiles, ont causé de nombreux blessés et des dégâts matériels, avant que la police n’intervienne avec des tirs de sommation pour disperser les manifestants.

Le spectre de la division hante l’UDPS, et le dénouement de cette crise interne reste incertain. Entre coups d’éclat et menaces, le parti présidentiel est plus que jamais à la croisée des chemins.