RDC: la Cour militaire va rendre son arrêt ce jeudi dans l’affaire Corneille Nangaa et consorts

Nangaa, Bisimwa, Chalwe, Kanyuka
Nangaa, Bisimwa, Chalwe, Kanyuka

L'affaire qui oppose le ministère public contre l'ancien président de la CENI et leader du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), Corneille Nangaa et consorts reprend ce jeudi 8 août 2024 devant la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe. Après l'étape des plaidoiries des avocats de la défense, les conclusions de la partie civile et les réquisitoires du ministère public qui a requis la peine de mort contre Corneille Nangaa et Coaccusés pour "crimes de guerre", la Cour va rendre son arrêt au cours de l’audience d’aujourd’hui dans cette affaire ouverte le 24 juillet dernier. L'information est confirmée à ACTUALITE.CD par le service de communication de la Cour Militaire Kinshasa/Gombe et les avocats de la défense.

Avant de prendre l'affaire en délibéré, lors de la dernière l'audience consacrée aux plaidoiries, l'un des avocats de la défense avait essayé de démontrer l'absence de preuves matérielles pouvant culpabiliser ses clients notamment Baseane Nangaa, l'oncle du chef de l’AFC. A l'en croire, il n'y a aucune preuve démontrant que leurs clients ont participé à un mouvement insurrectionnel et qu'ils ont commis des crimes ou qu'ils ont trahi la République Démocratique du Congo.

"Il faudrait arriver à démontrer qu'ils sont coupables. Nous sommes en train de démontrer à la Cour que nos clients sont innocents et qu'ils doivent être acquittés tout simplement. On va les condamner sur la base de quoi ? Il n'y a pas de preuve. Au regard de la loi, nous sommes optimistes. Par rapport à chaque prévenu, en commençant par Baseane Nangaa, il a été arrêté tout simplement parce qu’il s’appelait Nangaa. Au-delà de ça, il n’y a aucun autre élément qu’on peut ajouter.", avait soutenu Maître Peter Ngomo, l'un des avocats de la défense.

Cet avis a été également partagé par Maître Muiti Muhindo Ngashani Désiré. Pour lui, le ministère public a apporté une œuvre inachevée devant la Cour Militaire et il estime que le prévenu Éric Nkuba peut-être encore utile à la nation. "Les preuves qui sont arrachées par torture ou obtenues par des moyens illégaux ne peuvent pas compter.", avait dit Me Muiti Muhindo Ngashani Désiré.

En réaction, la partie civile à travers Tharcisse Matadi Wamba, un des avocats de la République Démocratique du Congo a rappelé que pendant le procès un des prévenus, Eric Nkuba, a avoué qu'il était co-fondateur de l'Alliance Fleuve Congo (AFC) qui comprend notamment le Mouvement du 23 mars (M23) et d'autres groupes armés avec objectif de renverser le pouvoir par la force.

Pour sa part, le ministère public représenté par le Colonel Alpha Limbaya avait réitéré sa demande à la cour militaire d’appliquer les peines telles que énoncées dans ses réquisitoires. L'organe de la loi dit s'attendre à la Cour Militaire l'application et le respect des lois.

En date du 24 juillet 2024, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe avait ouvert le procès public contre le chef du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), Corneille Nangaa. Vingt-quatre autres prévenus sont aussi poursuivis pour rébellion contre la République. Cinq prévenus ont comparu, alors que les autres sont "en fuite". Lors de l'audience du lundi 29 juillet 2024, Vianney Kazarama, autrefois la voix du mouvement rebelle en 2012, a été ajouté à la liste des prévenus. 

L'ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante Corneille Nangaa et ses co-accusés sont poursuivis pour les griefs tels que crime de guerre, participation à un groupe criminel et enfin la trahison. Il leur est reproché d’avoir créé un groupe armé, qui combat l'armée régulière aux côtés de l'armée rwandaise. Les 21 prévenus qui ne sont pas sur place sont jugés "par défaut" (contumace).

Clément MUAMBA