RDC: "La cohabitation prémaritale dévalorise le mariage et encourage la promiscuité” Vincent Bauna

 Pour mieux comprendre le phénomène de "concubinage avant le mariage", qui interroge les valeurs traditionnelles, le Desk Femme d’Actualité s’est entretenu avec Vincent Bauna, sociologue. Selon lui, la cohabitation avant le mariage est perçue de manière ambivalente dans la communauté. Si elle est parfois considérée comme une étape préparatoire au mariage, elle est aussi souvent associée à une perte de repères et à un affaiblissement des liens familiaux.

"Les jeunes générations, en quête d'autonomie et d'émancipation, sont de plus en plus nombreuses à adopter ce mode de vie, souvent encouragées par les représentations médiatiques valorisant l'individualisme et la liberté sexuelle", souligne le sociologue. 

"Cependant, cette tendance soulève de nombreuses questions. Comment les femmes, qui portent souvent le poids des responsabilités domestiques, vivent-elles cette nouvelle réalité ? Et quelles sont les conséquences pour les enfants élevés dans un contexte de cohabitation, notamment en termes de sécurité affective et de construction identitaire ?", s’interroge-t-il.

Les impacts sur les relations sociales

Vincent Bauna soulève que les couples vivant en concubinage sont souvent confrontés à des jugements de la part de leur entourage, notamment au sein des communautés traditionnelles. 

"Cette pression sociale peut avoir des répercussions sur leur équilibre émotionnel et sur la stabilité de leur couple. Les couples qui ne sont pas soutenus par leur entourage peuvent se sentir isolés. De plus, la cohabitation contribue à dévaloriser le mariage et encourage une certaine promiscuité, ce qui peut engendrer des problèmes sociaux", explique-t-il.

Par ailleurs, la cohabitation peut avoir des conséquences sur la perception du mariage. "La dévalorisation du mariage est un phénomène inquiétant", estime le sociologue. " Le mariage est un pilier de la société, il offre un cadre stable pour élever les enfants et renforcer les liens familiaux".

Enjeux et perspectives

La montée de la cohabitation en RDC pose donc de nombreuses questions. Comment concilier les aspirations individuelles à l'autonomie et les valeurs traditionnelles ? Comment accompagner les jeunes couples qui choisissent cette voie ? Comment préserver le rôle du mariage dans la société ?

Ces questions nécessitent un débat approfondi, impliquant l'ensemble des acteurs de la société : les familles, les communautés religieuses, les pouvoirs publics et les professionnels de la santé, estime Vincent Bauna. 
Pour lui, il est essentiel de trouver un équilibre entre le respect des choix individuels et la préservation des valeurs fondamentales de la société.

Nancy Clémence Tshimueneka