L'actualité de la semaine vue par Consolate Ngoya

Photo/ droits tiers
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De la répartition des postes au bureau de l'Assemblée nationale, à la mort de Alisa Khadidja, épouse de Moussa Mondo suite aux violences conjugales, en passant par la visite des 16 États membres de l'Onu à Goma, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Consolate Ngoya.

Madame Ngoya, merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Consolate Ngoya: Je suis licenciée en biologie médicale, œuvrant à la clinique bondeko. Maquilleuse de formation et entrepreneure en agro alimentaire.

Lors des consultations avec les forces politiques, Judith Suminwa aurait emis le souhait de conduire un gouvernement composé de 45 membres, dépouillé des chefs des partis et/ou des autorités morales des regroupements politiques. Qu'en pensez-vous?

Consolate Ngoya: J'encourage la première ministre à continuer sur cette lancée. Il faut sensiblement réduire la taille du gouvernement et limiter le cumul de poste. Il n'est pas normal qu'une même personne, président d'un regroupement politique soit élue députée provinciale, nationale, pour devenir Ministre par la suite. Il y a beaucoup de compétences dans notre pays qu'on peut exploiter pour faire décoller la RDC. On doit éviter les nominations sur bases de critères politiques, et privilégier les capacités et compétences à relever les défis.

Répartition des postes au bureau de l’Assemblée Nationale: un seul siège pour l’opposition, six pour la majorité. Quelle lecture faites-vous de cette ceci ?

Consolate Ngoya: Je pense que la démocratie c'est aussi le respect des textes et lois. Au moment où la loi est respectée, je n'y vois aucun mal. L'opposition est minoritaire, c'est normal qu'elle le demeure même dans la répartition des postes.

Une forte délégation de seize Etats membres de l’ONU, dont onze ambassadeurs de l’Union européenne séjourne à Goma depuis jeudi 18 avril, pour s’enquérir de la situation humanitaire en province. Selon vous, la communauté internationale peut elle encore être utile dans la quête de la paix dans l'Est?

Consolate Ngoya: Ça fait près de 30 ans que nos compatriotes meurent dans l'Est sous les yeux impuissants de la communauté internationale. Nous avons connu la mission de maintien de la paix de l’ONU dans notre pays, mais son bilan est catastrophique.  La communauté internationale est complice du malheur qui nous arrive. Il faut que l'on comprenne qu'on ne peut compter que sur nous même pour un retour effectif de la paix en Rdc. 

La Belgique s’est engagée à aider la RDC à ramener la paix dans sa partie Est. Selon vous, que peut-on attendre de plus de la Belgique dans le retour de la paix ?

Consolate Ngoya: il n'y a plus rien à attendre de la Belgique. Le souhait de tous ces pays, c'est de nous conduire au dialogue avec le M23 pour perpétuer l'infiltration et fragiliser davantage la nation dans le but de la balkaniser. Il faut que le gouvernement reste déterminé et soutienne nos forces de défense et sécurité pour construire une armée capable d'imposer la paix dans notre pays.

Après la lévée du moratoire sur la peine de mort , Tumaini Mazilani Jean de Dieu soldat de la 11e brigade des FARDC a été condamné à cette peine, pour violation des consignes, tentative de meurtre et dissipation de munitions de guerre. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Consolate Ngoya: C'est une bonne nouvelle. Ceci pourra dissuader les autres traites au sein de l'armée. Mais il ne faudrait pas seulement s'attaquer aux plus faibles, il faut traquer même les gros poissons qui sont des réels instigateurs de la crise de l'Est.

Alisa Khadidja, une jeune femme malgache a rendu l'âme le week-end dernier suite aux coups et blessures administrés par son époux. Comment peut-on protéger les femmes des violences conjugales en RDC?

Consolate Ngoya : Je pense qu' il faut sensibiliser la communauté sur les droits de la femme, afin d'offrir à cette dernière les conditions propices de vie et faciliter les dénonciations en cas de violence. Il faut également sensibiliser les femmes pour qu'elles aient le courage de dénoncer toute forme de violence. Il faut aussi conscientiser les hommes et les femmes pour que chacun comprenne que même en cas de divergences, la violence n'est jamais une solution, par contre, il faut dialoguer pour trouver une solution apaisée.  

Jugé en procédure de flagrance, Moussa Mondo, meurtrier de Alisa Khadidja est condamné à 20ans de prison. Comment évaluez-vous cette sentence ?

Consolate Ngoya : je crois qu'il a écopé de la plus grande peine prévue par la loi. Mais les amendes financières devraient au moins être plus élevées que ce qui est dans le prononcé. 

En société, outre les conducteurs qui ne respectent pas le code de la route, les autorités urbaines sont également accusées d'être auteurs des embouteillages à Kinshasa. Comment peut-on réglementer cette situation ?

Consolate Ngoya: Il faut que les autorités de notre pays prennent conscience qu'ils doivent prêcher par l'exemple. Il n'est pas normal que ceux qui sont censés faire respecter la loi, soient les premiers à ne pas la respecter. La police de circulation routière doit rester rigoureuse et sérieuse dans son travail, et imposer à tout le monde le respect du code de la route. 

 Une vingtaine de monnaies africaines dont le franc congolais ont atteint leur plus bas historique ces derniers mois. Comment sortir de la crise monétaire en Afrique ?

Consolate Ngoya : Pour sortir de cette crise, les pays africains doivent mettre en place des politiques qui soutiennent la production locale et le marché intercontinental. Il n'est pas logique que les échanges entre les pays africains représentent moins de 20% de marché.  
Il faut également des politiques monétaires qui redonnent de la valeur à la monnaie locale.  

Les députés togolais ont adopté la nouvelle Constitution, après quelques heures de débat et sans que le texte soit rendu public. Quelle lecture faites-vous de ce vote?

Consolate Ngoya : Une fois de plus les dirigeants africains ont fait preuve de la régression dans la  démocratie. Ce changement montre clairement que, les dirigeants africains sont capables de tout pour se maintenir au pouvoir éternellement. Or ils devraient briller par l'amour du continent et l'envie de le  développer que de courir chaque fois derrière leurs intérêts au détriment du peuple.

Les députés polonais ont approuvés quatre projets de lois concernant la légalisation de l'avortement. Quel est votre point de vue sur ces projets de lois? 

Consolate Ngoya : C'est un pas de plus vers la libération du droit de tuer les autres. L'occident s'enfonce davantage dans la culture de meurtre des enfants. Ce sont des créatures de Dieu et méritent de vivre. De la même manière qu'on pense faire la promotion du droit de la femme, il faudrait aussi prendre en compte le droit à la vie de ces êtres humains


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka