RDC : la police étouffe une manifestation contre l’insécurité à Goma 

Ph/actualite.cd

Le collectif des mouvements citoyens et autres groupes de pression a appelé à une manifestation pacifique ce mercredi 17 avril à Goma (Nord-Kivu) en vue d'exiger le départ du maire de la ville de Goma, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin pour son « inaction et inefficacité face à l’insécurité » dans la ville. La manifestation devait partir du rond-point Mutinga avec comme point de chute, le gouvernorat de province où un mémorandum devrait être lu et déposé auprès de l’autorité provinciale. Bien avant de commencer, certains jeunes qui s’étaient rassemblés au lieu de départ de la manifestation ont été arrêtés brutalement par la police et leurs calicots déchirés. 

Ils portaient des messages, tel que :

« Nous exigeons le départ sans condition du maire de la ville, la justice et réparation pour toutes les victimes de l'insécurité dans la ville de Goma, la démilitarisation de la ville, la mise en place d'une équipe de la task Force participative pouvant concrétiser la collaboration civilo-militaire pendant cette période où la ville est sous menace, la libération sans condition de notre camarade victime de l'état de siège Mwamisyo Ndungo King, condamné arbitrairement à 5 ans, la vigilance extrême de la population en dénonçant toute personne ou tout mouvement suspect observé dans nos avenues respectives ». 

Les activités socio-économiques se déroulent normalement dans la capitale du Nord-Kivu. Boutiques, magasins et autres commerces ont ouvert. La circulation est également au rendez-vous. Les dispositifs policiers sont cependant renforcés dans tous les carrefours et autres points chauds de Goma. 

La veille, cette manifestation a été interdite par le maire de la ville qui indiquait que tous les efforts des autorités sont focalisés sur la recherche des solutions aux problèmes d’insécurité et ces efforts ne doivent souffrir d'aucune désorientation. 

Pour Jean Claude Bambaze, acteur de la société civile du Nord-Kivu, la manifestation est un droit reconnu à tous les congolais mais à l'heure actuelle, il est plus impérieux de laisser le temps à l’autorité de mettre en application toutes les pistes des solutions qui lui ont été recommandées.

« On a donné des pistes de solutions qui viennent de la population et nous attendons maintenant l'exécution de tout ce qu'on a demandé. On le sent déjà parce qu'on apprend que la position des Wazalendo qui était proche du camp des déplacés de Kanyaruchinya a été dégarnie et ramenée vers les lignes des fronts. Mais également, tous ces commandants là des VDP (Ndlr: volontaires pour la défense de la patrie) qui pensaient être intouchables, il y en a ceux qui sont en train d'être arrêtés parce qu'ils ont commis des bévues. Biensûr, les civils veulent appuyer l'armée. D'ailleurs, si aujourd'hui, la ville de Goma n'est pas tombée, c'est parce que la population a dit non à cette agression. Il ne faut pas que les autorités aussi en abusent. Les solutions idoines, c'est ramener cette population chez elle, après la traque de tous ces éléments du M23 » a dit M. Bambanze. 

La ville de Goma ainsi que la partie sud du territoire de Nyiragongo font actuellement face à plusieurs cas d’insécurité, caractérisés, notamment par des tueries, des braquages, des vols et viols, des kidnappings et autres. 

Lundi, un procès en flagrance contre le présumé meurtrier d'un civil, dimanche soir à Turunga (territoire de Nyiragongo) a été ouvert au tribunal militaire, garnison de Goma. La même instance, à condamné, samedi dernier, à la peine de mort, un élément de la garde républicaine qui avait tué par balle, le 9 avril dernier, son compagnon d'armes ainsi que deux civils dans un restaurant au quartier Majengo, au Nord de Goma. 

Le 11 avril dernier, le maire policier de Goma, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin avait annoncé l’arrestation, par les services spécialisés, des présumés auteurs du braquage, ayant fait au moins quatre morts, mercredi soir au carrefour dit « entrée président », au quartier Himbi, sur la route Goma-Sake. L’autorité urbaine a demandé à la justice d'organiser une audience foraine afin de juger ces présumés criminels. 

Jonathan Kombi, à Goma