Nous sommes en phase d'installation des nouvelles institutions. Même si le président le voulait, dans ces conditions constitutionnelles, nous ne serions pas en mesure de déclarer la guerre (Patrick Muyaya)

Les officiers de l'Armée et Félix Tshisekedi
Les officiers de l'Armée et Félix Tshisekedi

Lors du dernier jour de la campagne électorale, Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession à la présidence de la République, s'était montré très critique envers le régime de Paul Kagame, soutien numéro un des rebelles du M23. Il a réitéré son appel en faveur d'une confrontation avec le Rwanda en réaction à l'annonce de la création de l'Alliance Fleuve Congo, dirigée par Corneille Nangaa.

"En cas de la moindre escarmouche des rigolos que vous avez vus à Nairobi, je vais réunir les deux chambres en congrès. Je vais demander l'autorisation de déclarer la guerre au Rwanda (...). Ce n'est pas une blague ! Si j'apprends qu'ils ont tiré seulement une balle, je vais réunir les deux chambres du parlement", a déclaré Félix Tshisekedi lors d'une interview sur Top Congo FM.

Il y a quelques jours, un engin explosif, selon l'armée congolaise, largué par les rebelles du M23, a fait deux blessés et provoqué la panique dans un quartier périphérique de Goma (Nord-Kivu). À la question de savoir pourquoi jusqu'à présent la promesse du chef de l'État Félix Tshisekedi n'a pas été tenue, le porte-parole du gouvernement révèle que les conditions ne sont pas réunies pour matérialiser cette promesse, d'autant plus que la mise en place des nouvelles institutions est en cours après les scrutins du 20 décembre dernier.

"Nous sommes déjà, je dirais, en opération mais dans les conditions actuelles, une guerre ne peut pas être déclarée, car vous savez que nous sommes en phase d'installation des nouvelles institutions. Même si le président de la République le voulait, dans ces conditions constitutionnelles, on ne serait pas en mesure de le faire. Le plus important, ce n'est peut-être pas cela pour le moment. Le plus important pour le moment, c'est de savoir ce qui est fait pour restaurer la sécurité dans ces parties du territoire national, et vous avez suivi tout à l'heure ce que le général a dit en liminaire de ce qui se fait sur terrain parce que la vérité est que beaucoup de ces opérations, lorsqu'elles se déroulent, lorsque par exemple on pilonne ou nos drones entrent en action, on n'en fait pas forcément la communication", a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, lors d'un briefing presse tenu mardi 6 février 2024 avec le porte-parole des FARDC.

Patrick Muyaya a révélé que les actions menées par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo donnent des résultats escomptés au regard des dégâts et pertes enregistrées du côté des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.

"Aujourd'hui, s'il faut dénombrer les victimes rwandaises, on en compterait par centaine, parce que chaque fois les cibles sont bien trouvées. Il faut considérer que tout est fait et que l'ennemi est poursuivi partout où il doit être pour être sûr que nous restaurons la sécurité dans notre pays. Aujourd'hui, l'hypothèse de la guerre telle qu'abordée, telle qu'évoquée par le président de la République dans un contexte précis parce que nous étions déjà en opération contre le M23. Dans cette guerre, toutes les hypothèses sont à table, le moment venu, si les conditions constitutionnelles sont requises, pourquoi pas, si les conditions l'exigent pour assurer la protection et la défense de notre territoire", a ajouté le porte-parole du gouvernement.

Selon l'article 143 de la constitution de la République, le président de la République déclare la guerre sur décision du Conseil des ministres après avis du Conseil supérieur de la défense et autorisation des deux Chambres (Assemblée nationale). Il en informe la Nation par un message. Les droits et devoirs des citoyens, pendant la guerre ou en cas d’invasion ou d’attaque du territoire national par des forces de l’extérieur, font l’objet d’une loi.

Après les élections du 20 décembre 2024, la mise en place des nouveaux animateurs se poursuit dans plusieurs institutions de la République Démocratique du Congo. C'est le cas au niveau de l'Assemblée nationale et des assemblées provinciales, qui devront organiser des élections pour mettre en place des bureaux définitifs. S'agissant du Sénat, le nouveau Sénat se fait encore attendre, d'autant plus que la CENI a prévu d'organiser ces scrutins le 31 mars prochain.

Clément MUAMBA