Des scènes à peine explicables se sont produites lors des élections tenues mercredi 20 et jeudi 21 décembre dans certaines parties de la RDC. D'autres personnes ont encore voté vendredi, samedi, dimanche et même ce lundi.
Il a été notamment enregistré des destructions des kits électoraux, une arrivée tardive des machines dans certains centres, l'absence des agents de la CENI dans certains bureaux, des pannes des dispositifs électroniques de vote, le manque des clés USB qui les font fonctionner, le manque de câbles pour connecter les machines aux batteries, voire la détention de certaines machines par des individus.
Un désordre que le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante ne nie pas, mais précise que ce n'était pas voulu par la centrale électorale, car n'étant pour rien dans cela.
« Le désordre à certains endroits a eu lieu, mais ce n'est pas avec la bénédiction de la CENI. S'il y a un désordre organisé, ça n'a pas été organisé par nous, mais par d'autres. Parce que pendant que nous, on s'apprêtait à organiser des élections crédibles et correctes, eux aussi faisaient leur plan. C'est une question de corriger et de tirer des leçons », a indiqué Dénis Kadima, dans une interview accordée à ACTUALITÉ.CD.
Il a également précisé que la CENI n'a pas croisé les bras, faisant intervenir jusqu'à l'armée dans certains cas pour sécuriser les machines, comme à Kisangani. Dénis Kadima révèle qu'il y a des gens aux arrêts à présent pour ces forfaits.
« Je dirais désordre peut-être, mais désorganisé, ce n'est pas organisé. Ce n'est pas nous qui sommes à l'origine de ce désordre. Au contraire, nous avons essayé par tous les moyens de reprendre les choses, d'appeler la police, il y a des gens qui sont arrêtés en ce moment », a ajouté le président de la CENI.
Dans sa communication de ce samedi 23 décembre, la CENI a dit avoir été saisie par diverses sources des actes de violence, de vandalisme et de sabotage perpétrés par certains candidats mal intentionnés à l'endroit de son personnel, de son matériel et de son patrimoine lors du déroulement des scrutins. Cette institution d'appui à la démocratie, par le biais de son rapporteur Patricia Nseya, a condamné avec la dernière énergie ces actes répréhensibles par la loi et contraires aux bonnes pratiques électorales.
« Face à tous ces actes d'une extrême gravité, la CENI entend rassurer l'opinion publique de sa ferme détermination à ne pas laisser impunis ces forfaits et a, de ce fait, mis en place une commission d'enquête afin de procéder aux investigations nécessaires. Les mesures appropriées seront prises à l'encontre de ses agents et/ou des candidats qui se seraient rendus coupables ou complices de ces actes », avait déclaré Patricia Nseya.
Au sujet des élections, l'archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a qualifié le scrutin du 20 décembre en RDC de "gigantesque désordre organisé" lors d'une messe de Noël tenue dans la nuit du 24 au 25 décembre à Kinshasa.
"La CENI n'était pas prête à organiser les élections le 20 décembre. Elle a voulu faire une organisation par défi, mais voilà les conséquences", a déclaré le cardinal Ambongo, soulignant les frustrations ressenties par de nombreux électeurs. De son côté, la mission d'observation électorale Regard Citoyen a également pointé du doigt le comportement inadapté de la police dans 44% des incidents de campagne électorale, remettant en question la qualité du processus électoral.
Pendant la période de la campagne électorale, Regard Citoyen a enregistré 244 rapports d'incident, notant que dans 32% des cas, la police était absente, tandis que dans 44% des incidents, son comportement était jugé inapproprié.
Emmanuel Kuzamba