RDC : 15% des discours de campagne électorale marqués par des propos haineux et incitatifs à la violence (Regard Citoyen)

Dans le rapport préliminaire de la Mission d’Observation Électorale Regard Citoyen, rendu public ce samedi 23 décembre, il a été noté une présence des discours de haine et incitatifs à la violence pendant la campagne électorale en RDC. Sur les 382 événements de campagne électorale observés par cette mission, il a été constaté une recrudescence de ces genres de discours.

Pendant la période de campagne électorale, qui s’est étendue du 19 novembre au 18 décembre 2023, les candidats étaient appelés à se rendre à la rencontre de leurs potentiels électeurs pour les convaincre de leur donner des voix. Cependant, dans les discours tenus, à 15% des cas, les observateurs ont noté des propos ethniques, tribaux et discriminatoires en vue de s’attirer la sympathie d’un camp.

Ce qui a eu pour conséquences, la violence sous toutes ses formes, physique et verbale, une montée des tensions entre candidats d’une part et leurs militants de l’autre, ainsi que les actes de vandalisme qui ont été pourtant perpétrés en toute impunité. Il a été enregistré des décès, notamment à Malemba Nkulu, où la communauté Katangaise s’est soulevée contre celle Luba.

Un cadre de la ligue des jeunes du parti Ensemble pour la République a été lâchement lynché à Maniema, et d’autres cas des candidats députés décédés lors de la campagne électorale ont été enregistrés. Les observateurs ont rapporté des cas de blessés et de personnes décédées directement ou indirectement liés aux évènements de campagne.

« Lors de la campagne électorale, il a été observé que les candidats à tous les niveaux de scrutins ont pu communiquer librement sans restriction bien que dans 15% des événements de campagne observés leur discours s’apparentait à l’incitation à la haine et à l’intolérance », note Regard Citoyen.

Pendant la campagne, le constat était palpable que les discours étaient basés sur les individus plutôt que sur les projets. Regard Citoyen a noté également que pendant toute la campagne électorale, les différents partis et regroupements politiques ont peu ou pas présenté leurs projets de sociétés, contrairement aux attentes.

Le discours de haine est tout type de communication, qu’il s’agisse d’expression orale ou écrite ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité.

Dans ce sens, des candidats présidents de la République, députés, conseillers jusqu’aux militants, de nombreux discours de haine ont été proliférés, en public et plus sur les réseaux sociaux. Ils se sont attaqués aux candidats tels que Moïse Katumbi en raison des origines étrangères de son père, aux candidates femmes, aux candidats ressortissants des tribus Luba ou Swahili, etc.

Par ailleurs, dans 38% des 382 événements de campagne électorale observés, les observateurs de Regard Citoyen déployés dans toutes les provinces de la RDC, ont évalué qu’il existe une indication que les participants ont été payés, ont reçu des avantages ou ont été obligés d’assister au rassemblement.

Une suspicion d’utilisation de ressources publiques a été enregistrée dans 17% des événements de campagne observés, notamment par l’affichage de supports de campagne sur les édifices publics, et le recours à des propos haineux et incitatifs à la violence dans 15%. 

Les observateurs de longue durée de la Mission d’Observation Electorale (MOE), déployés dans toutes les provinces depuis le mois de novembre, ont transmis 960 rapports d’observation couvrant le déroulement du processus électoral, la campagne électorale et documentant les incidents survenus. Les observateurs de courte durée de la MOE Regard Citoyen ont soumis un total de 24 004 rapports d’observation au cours des journées électorales des 20 et 21 décembre et ont visité 9094 bureaux de vote.

Emmanuel Kuzamba