RDC : que pensent les parents du dialogue sur la santé sexuelle et reproductive? 

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Au-delà des discussions autour de l'éducation, de la cuisine ou des travaux domestiques, les questions liées à la santé sexuelle et reproductive demeurent un sujet tabou en République Démocratique du Congo. Parents et enfants en parlent rarement. Qu'est-ce qui justifie cette absence de dialogue ? Le Desk Femme d'Actualité. CD a recueilli le point de vue de quelques parents.

"Ca dépend des parents. Personnellement, je discute avec mes enfants pour leur dire comment ils doivent gérer leur puberté et mener leur vie. À l'époque où nous vivons, le flux d'information est assez conséquent et parfois, les enfants tombent sur des informations qui sont soit erronées soit contradictoires," précise Tina Lozalia. 

Cette mère de huit enfants tient à souligner que certains enfants sont parfois tentés d'aller essayer ce qui leur a été expliqué en termes de sexualité. Cela décourage certains parents et favorise le manque de dialogue.

Israela Ntiete a trois enfants,elle a une autre approche de la question.

"Ma fille aînée n'a que 9 ans, je ne peux pas lui parler de la sexualité maintenant. C'est à partir de 18 ans que les parents ont commencé à aborder ce sujet avec moi. J'attends le moment opportun pour en parler avec eux et je vérifie ce qu'ils suivent à la télévision. Je leur demande de venir vers moi s'ils ressentent des sensations bizarres dans leur corps."

Nénette Atako estime qu'il faut soumettre les enfants aux méthodes contraceptives pour éviter le pire.

"Je suis policière et je vis avec mes enfants dans un camp militaire où nous enregistrons beaucoup de cas d'abus sexuel et plusieurs cas de grossesses non désirées. Au travail, il y a des jours où nous faisons deux voire trois jours de garde et nous laissons les enfants seuls à la maison. Pour protéger mes enfants, j'ai choisi une méthode contraceptive (stérilet) que j'ai faite à mes deux filles, l'une a 20 ans et l'autre 18 ans, je pense qu'il faut prendre des mesures de précaution."

Pour sa part, Justine Muanji respecte ses valeurs traditionnelles. Elle pense que parler de la sexualité avant le mariage avec les enfants est un sujet tabou. 

"Chez nous, les Luba, depuis des siècles, nous respectons nos coutumes. Tu ne peux même pas prononcer le mot sexe à la maison devant tes enfants. Cette question exige beaucoup de pudeur et cela fait partie de nos valeurs traditionnelles. Lorsqu'un homme se présentera pour prendre ma fille en mariage, c'est à ce moment là que je vais apprendre à mon enfant tout ce qu'il faut savoir pour réussir son mariage."

Grace GUKA