Mis à part ses 4 langues nationales et plus de 340 dialectes, la RDC demeure un pays majoritairement francophone. Cela parce que notamment la langue française est constitutionnellement reconnue comme langue officielle et de l’enseignement dans toutes les écoles sur l’étendue du territoire national. Ce qui influence même les langues congolaises tant plusieurs locuteurs empruntent dans cette langue amenée par le colonisateur au début des années 1900.
Cette réalité a fait l’objet d’une table ronde, samedi 23 septembre, à l'Institut Français de Kinshasa. Des professeurs des Universités, étudiants et bien d’autres intellectuels ont échangé autour du thème ''la politique linguistique en RDC : quel est le rôle de la langue française dans un pays multilingue ?''.
Le débat s'était articulé sur la question de savoir comment le pays au centre du continent africain a pu avoir autant de locuteurs de la langue jusqu'à en devenir le premier au monde. De son côté, le professeur Camille Sesep N'sial, de la faculté des lettres de l'Université de Kinshasa, a mis en exergue la politique linguistique coloniale qui consistait à imposer durant la colonisation le français comme langue de l'administration de l'élite coloniale, langue qu'elle a réussi à imposer aux colonisés congolais et plus systématiquement aux évolués.
Depuis, toutes les générations intellectuelles qui se sont succédées au pays jusqu'à nos jours, ont eu à faire véhiculer ce parler jusqu'à telle enseigne que leurs enfants, n'ont connu comme leur toute première langue que le français, certains éducateurs et parents allant plus loin jusqu'à interdire à leurs enfants la locution de quelque autre langue nationale que ce soit, quoique qu'ils en soient parfois conscients. Chose vérifiable jusqu'à nos jours partout dans le pays indépendant depuis 1960, expliquait l'émérite de la faculté des lettres de l'Université de Kinshasa.
Toutefois, il est sans doute connu que la langue officielle de la RDC reste le français tel que reconnu par la constitution, ce qui fait craindre à la professeure à l'IFASIC, Madeleine Mbongopasi, une domination de la langue du colonisateur sur les langues congolaises.
“Même si la langue concernée est, tant au niveau national qu'international, moins concurrente vis à vis de la langue de Shakespeare qui voit beaucoup de ses mots être empruntés par les locuteurs de la principale langue de l'Hexagone. Qu'à cela ne tienne, la majeure population congolaise l’a déjà fait sienne en s'appropriant la langue lui apprise par le colonisateur. Aujourd'hui, même dans les quatre langues nationales parlées en RD Congo, rarissimes sont les locuteurs qui savent finir de phrases entières sans introduire des mots français, chose qui risque, au long des années, de faire naître une nouvelle langue dérivée du français'', souligne-t-elle.
Et de conclure :
“ La langue française reste la langue qui sert aux citoyens congolais à se côtoyer dans le cas où les interlocuteurs ne savent se parler dans l'une des langues nationales”.
Jean-Marie Makuma