RDC : Urgence humanitaire au Nord-Kivu, déplacés et communautés d'accueil en difficulté

Crédit: Nagham Awada/CICR   Cité de Nyabiondo, territoire de Masisi au Nord-Kivu. Mukandirwa Balanda Hangi, la soixantaine, déplacé originaire de Kichanga, avec sa femme et quatre de ses huit enfants.
Crédit: Nagham Awada/CICR
Cité de Nyabiondo, territoire de Masisi au Nord-Kivu. Mukandirwa Balanda Hangi, la soixantaine, déplacé originaire de Kichanga, avec sa femme et quatre de ses huit enfants.

L'intensification des affrontements entre groupes armés dans diverses régions du Nord-Kivu depuis le début de l'année a entraîné le déplacement désespéré de près de 600 0001 personnes, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les conséquences de cette crise humanitaire sont alarmantes alors que les besoins essentiels restent insatisfaits pour les déplacés ainsi que pour les communautés qui les accueillent.

Les conditions de sécurité en détérioration constante entravent sévèrement la distribution de l'aide vitale dans les zones les plus touchées par les violences. Selon les Nations unies, seulement 18% des personnes déplacées au cours des six derniers mois dans la province du Nord-Kivu ont trouvé refuge dans des sites ou des centres collectifs spécialement dédiés, tandis que 82% sont hébergées par des familles d’accueil.

Un exemple poignant de cette situation se trouve à Oïcha, une commune rurale située au nord de la ville de Beni, où la population, en proie à une décennie de conflits, subit une pression constante due aux activités des groupes armés locaux, aux attaques attribuées aux ADF (Forces démocratiques alliées) et aux opérations militaires conjointes des armées congolaise et ougandaise contre les ADF. On estime à 165 000 le nombre de personnes déplacées à Oicha, dépassant largement la capacité des centres collectifs prévus pour en accueillir 5 700. Plus de 7 200 personnes sont actuellement hébergées dans ces installations déjà saturées.

Pour beaucoup de déplacés, leur sort repose sur la générosité des familles locales qui partagent déjà des ressources limitées. Imelde Kavira Shaonere, 55 ans, déplacée à Oïcha depuis un an, témoigne des difficultés quotidiennes auxquelles elle est confrontée : "Nous vivons à 20 personnes dans une même maison que je loue à 24 000 francs congolais (10 USD) par mois. Il est difficile de trouver de la nourriture, de se faire soigner ou d'avoir de l'eau potable. Nous souffrons énormément."

Face à cette crise, le CICR a lancé des initiatives pour améliorer l'accès à l'eau potable, avec la mise en place de bornes-fontaines dans les sites de déplacés ainsi que dans les quartiers densément peuplés. De plus, le CICR soutient le Centre de santé de Mbimbi et l'Hôpital général de référence de Oicha pour les urgences médicales, permettant à près de 24 000 personnes d'accéder gratuitement aux soins médicaux.

Les territoires de Rutshuru et de Masisi, également touchés par les combats, connaissent une situation similaire, où la population lutte pour partager les maigres ressources disponibles après le déplacement de plus de 78 000 personnes.

Anne-Sylvie Linder, cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma, souligne l'importance cruciale du soutien des donateurs pour répondre aux besoins humanitaires urgents et appelle à des solutions durables. Elle insiste sur la nécessité d'un accès inconditionnel des acteurs humanitaires aux populations civiles dans le besoin, car la situation actuelle est critique et l'acheminement de l'aide humanitaire reste vital pour des milliers de familles dans les zones les plus reculées.