Un député français d'origine congolaise formule une proposition de résolution condamnant le soutien du Rwanda au M23

Les rebelles du M23 à Kibumba
Les rebelles du M23 à Kibumba

Carlos Martens Bilongo, député français d’origine congolaise, a déposé, au bureau de l'Assemblée nationale française, une proposition de résolution condamnant le soutien du Rwanda au groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23). Pour cet élu français, le soutien rwandais au M23 est un blocage aux différents processus de paix dans la zone Est de la RDC en ce qu’il s’affranchit totalement de ces accords.

« Cette responsabilité a été reconnue par le Président de la République, et toutes les conséquences doivent en être tirées s’agissant de notre politique dans la région. En revanche, cette responsabilité ne saurait en aucun cas excuser une quelconque mansuétude vis-à-vis des agissements du régime rwandais en RDC depuis deux décennies. La gravité de ces agissements a été incontestablement documentée par le rapport Mapping de l’ONU, défendu par le prix Nobel de la paix congolais, le docteur Mukwege. La France doit tirer les conséquences de ses propres constatations s’agissant du soutien rwandais au M23, a fortiori dès lors qu’elles ont été confortées par l’ONU », a-t-il fait savoir dans sa proposition dont un exemplaire est parvenu à ACTUALITE.CD, ce jeudi 20 juillet 2023.

À l'en croire, une résolution de l’Assemblée nationale demandant le renforcement du soutien de la France aux efforts de rétablissement de la paix en RDC, donc condamnant le soutien du Rwanda au M23, recevrait un grand écho au sein du peuple congolais, et renforcerait l’amitié entre les deux pays.

« Le peuple congolais aspire depuis longtemps à la paix sur son territoire. C’est une condition de son accession à la prospérité, comme le voulait Patrice Lumumba, figure de référence de l’indépendance congolaise qui affirmait : “Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur”. La France doit s’associer à cet effort », a-t-il plaidé dans ladite résolution.

Et de poursuivre :

« Les liens historiques qu’entretient la France avec les pays de la zone en proie aux conflits de l’est-congolais, couplée à sa volonté de promouvoir la paix, l’obligent à agir pour mettre fin au soutien rwandais en faveur du groupe rebelle du M23. En outre, la RDC est le premier pays francophone du monde. L’importance de la francophonie dans cette zone implique que la France ne se cantonne pas à une place de second plan. Un défaut de soutien français à ces populations dont nous sommes proches serait une faute ».

La situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC demeure préoccupante. La force régionale EACRF, créée en 2022 pour arrêter l'avancée du groupe armé M23, a récupéré, depuis décembre, certains des bastions de la rébellion. Mais, sur le terrain, les rebelles sont toujours là. Depuis lors, la force régionale a régulièrement affirmé avoir remplacé les rebelles dans cette zone. La situation est telle que les initiatives diplomatiques régionales à travers l'EAC peinent à donner des résultats sur terrain.

Ainsi Kinshasa s'est résolu de se tourner vers la SADC. Le dernier sommet tenu en Namibie, a validé l'envoie dans les prochains jours des troupes de la SADC à l'Est de la RDC. Jusqu'ici, la date du déploiement de ces troupes à l'Est de la RDC n'est pas toujours connue.

La République Démocratique du Congo compte déjà sur son sol, plusieurs forces étrangères censées combattre les groupes armés locaux et étrangers qui déstabilisent le pays. Récemment, à l'initiative de l'UA, le sommet quadripartite CEEAC ,CIRGL, EAC et SADC tenu à Luanda a adopté un cadre de coordination des efforts pour rétablir la paix et la sécurité dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo.

Clément MUAMBA