Une délégation de la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH) a séjourné du 10 au 20 juin 2023 dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Conduite par la commissaire en charge des droits de la femme et de l’enfant, Gisèle Kapinga Ntumba, l’équipe a procédé aux états des lieux de la situation des droits humains.
« L’objectif était d’enquêter sur les différentes violations des droits de l’Homme dans ces deux provinces de la République Démocratique du Congo, en vue de mener un plaidoyer auprès des acteurs et organisations tant nationaux qu’internationaux pour l'amélioration de la situation des droits de l'homme dans cette partie du pays », explique Mme Kapinga.
A cette occasion, la Commissaire nationale et sa suite ont visité des prisons et autres lieux de détention ainsi que des camps de déplacés de guerre dont Bulengo et Kanyaruchinya au Nord-Kivu, ainsi que les camps des sinistrés des inondations de Bushushu à Kalehe (Sud-Kivu).
La délégation a, par ailleurs, organisé des séances de travail avec des autorités administratives, judiciaires et pénitentiaires provinciales, ainsi que le BCNUDH, l’UNFPA, MSF Hollande, la DFJ, l’ABA, l’hôpital Heal Africa, l’hôpital de Panzi, la Fondation Panzi.
« Il ressort de cette mission de travail que la situation des droits de l'Homme au Sud-Kivu et surtout au Nord-Kivu demeure préoccupante. Les conditions carcérales des détenus, des condamnés et des enfants placés s’avèrent inquiétantes, à cause de la surpopulation carcérale et du manque d’appui logistique et alimentaire suffisants. Dans les sites de déplacés et sinistrés, la situation se dégrade davantage avec un risque imminent d’une catastrophe humanitaire. Les maisons de tolérance pullulent au sein et autour des camps des déplacés, en raison notamment de l’extrême pauvreté. Beaucoup de femmes et jeunes filles mineures s’adonnent, malgré elles, à des pratiques communément appelées « Sexe de survie », « Sexe à crédit » et « Sexe par abonnement ». Les viols et violences sexuelles ont atteint le pic », dénonce-t-elle.
La délégation a également déploré l’insécurité grandissante dans la ville de Goma, marquée par le phénomène « 40 voleurs ». La CNDH tire la sonnette d’alarme aux autorités locales, provinciales, nationales ainsi qu’à la communauté régionale et internationale, en vue de multiplier les efforts pour restaurer la paix dans la région et permettre aux populations déplacées de retourner chez elles et d’y vivre dignement.
Prisca Lokale