Matata Ponyo : “Je récuse le Procureur général près la Cour constitutionnelle, comme je l’ai fait avec le président du Sénat”

Matata Ponyo
Matata Ponyo

L'ancien Premier ministre Matata Ponyo a déposé un réquisitoire ce jeudi 22 juin au greffe de la Cour constitutionnelle en lien avec la récusation du  Procureur Général près cette juridiction, Jean Paul Mukolo. Le Président du parti LGD accuse cet officier du ministère public de demander à son co-accusé, l'ancien ministre délégué aux Finances de témoigner contre lui.

“Je récuse le Procureur général près la Cour constitutionnelle, comme je l'ai fait hier avec le président du Sénat. Je lui retire toute ma confiance. Le code pénal et la loi organisant le fonctionnement des institutions judiciaires donnent la possibilité, lorsque vous n'avez plus confiance au Procureur général, le droit de le récuser.  C'est une action conforme à la loi”, a dit Matata Ponyo. 

Et d’ajouter: “Il y a plusieurs actes qui démontrent que le Procureur Jean Paul Mukolo n'est pas juste, n'est pas dans l'équité. Le Procureur général a demandé à l'ancien ministre des finances Kitebi de témoigner contre moi. “Ce n'est pas vous qu'on cherche mais plutôt monsieur Matata”. C'est inimaginable! Un procureur qui complote avec ceux qui doivent témoigner. Ceci est inacceptable pour un haut magistrat. De tels actes sont très graves".

Le sénateur Matata Ponyo Mapon a déposé une plainte contre le Président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo au Parquet près la Cour de cassation. Il juge irrégulières toutes les démarches judiciaires menées contre lui par le Procureur général près la Cour constitutionnelle qu’il accuse d’être  “en complicité” avec le bureau du Sénat. Cette plainte intervient après un nouveau réquisitoire du PG près la Cour constitutionnelle adressé au Bureau du Sénat en vue d’obtenir une nouvelle autorisation des poursuites contre l’ex Premier ministre. 

Ces poursuites contre Matata portent  sur l’affaire de la  débâcle du projet de Parc agro-industriel de Bukangalonzo. Dans cette affaire, plus de 250 millions USD ont été détournés, d’après un rapport de l’IGF. Matata était alors Premier Ministre.  

Le deuxième dossier pour lequel le PG voulait obtenir de nouvelles poursuites concerne des faits de détournement des deniers publics des fonds destinés à l'indemnisation des 300 personnes qui seraient propriétaires des biens Zairianisés.

Le Procureur Général près la Cour constitutionnelle relate qu'Augustin Matata Ponyo avait conclu en 2011, alors qu'il était Ministre des Finances, un  Protocole d'accord en vue de permettre au Gouvernement Congolais d'indemniser 300 anciens propriétaires des biens Zairianisés. Devenu Premier Ministre, Matata Ponyo aurait décaissé 110.907.681,88 $ US et 27.894.707,92 Euros entre 2010 et 2013. Toujours selon ce réquisitoire, des enquêtes menées au sein de la Direction de Gestion de la Dette Publique (DGDP) n'ont trouvé aucune trace de ces 300 créanciers qui auraient perdu leurs biens meubles et immeubles du fait de la Zaïrianisation. 

Ivan Kasongo