RDC : l’ODEP propose une politique industrielle endogène pour mettre fin à l’industrialisation basée sur l’extraversion et la dépendance (étude)

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Florimond Muteba, PCA de l'ODEP. Ph. ACTUALITE.CD.

L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) rend public son étude sur la problématique de l’industrialisation au pays, intitulée « l’avenir industriel de la RDC : propositions pour une construction industrielle et économique endogène, indépendante, autocentrée et auto déterminée ».

Dans cette étude l’ODEP dresse un bref diagnostic du secteur industriel congolais. L’étude menée par cette plateforme de la société civile montre que « l’import substitution » est la principale orientation de l’industrie congolaise.

L’ODEP constate également que l’industrie congolaise n’est pas mise au service de l’agriculture. « On ne connait pas la production des PME et de l’artisanat en amont du secteur agricole. Aucun encouragement n’existe pour ce type d’entreprise qui aurait pu trouver leur place en milieu rural et contribuer à dynamiser le secteur agricole en créant des emplois afin de lutter contre l’exode rural », déplore l’ONG.

L’ONG experte en finances publiques estime que l’échec du système néocolonial est d’abord celui d’un modèle économique politiquement choisi par les différents régimes qui se sont succédés au en RD Congo depuis 63 ans. De ce fait, dans son étude, l’ODEP énumère trois enseignements à tirer de l’héritage d’une industrialisation basée sur l’extraversion et la dépendance dont fait preuve la RDC.

- Au Congo, le secteur productif capitalise est orienté presque exclusivement vers les grandes plantations agricoles, les productions minières et énergétiques destinées au marché mondial. La règle dite de l’avantage comparatif n’a fait que contribuer à accentuer la spécialisation stricte de notre pays dans ces productions. Le flux d’exportation de ces productions obéissent en même temps à la loi de l’échange inégal, c’est-à-dire, qu’il s’accompagnait d’un transfert de valeur dû au fait que les prix de productions des marchandises venant de chez nous sont inférieurs à leur valeur réelle.

- La classe régnante en RDC depuis 63 ans s’est toujours préoccupé de rechercher les capitaux à l’étranger, si nous totalisons le coût des voyages à l’étranger de notre Président actuel depuis janvier 2019 à ce jour, ce n’est pas moins de cent millions de dollars, pour aller chercher des investisseurs étrangers. L’arrivée de ces derniers et leur installation, se traduit presque exclusivement par un accroissement de la masse des profits, l’emploi étant élastique pour le taux de salaire de base. La masse de profits est distribuée entre la caste au pouvoir, les intermédiaires commerciaux et les détenteurs du capital qui en rapatrient une partie substantielle.

- Les bénéficiaires locaux du profit, loin d’accumuler productivement, l’amoncèlent ou le consomment sous la forme d’achats de biens de luxe importés. Le salaire est resté faible ; le faible emploi créé ne peut constituer un élément générateur de la demande solvable.

L’ODEP note également des contraintes organisationnelles du secteur industriel en RDC.

« Les diverses interventions de l’Etat dans le secteur industriel relèvent des divers départements et organismes mal coordonnés entre eux. Ces diverses structures sont sans moyens humains et financiers correspondant à leurs responsabilités. Ils engagent des actions fragmentaires, sans chercher vraiment à œuvrer en faveur d’une solution aux problèmes structurels du secteur », note l’ODEP.

La nouvelle politique industrielle

En ce qui concerne la stratégie d’industrialisation l’ODEP préconise trois thèmes centraux, à savoir :

- S’attaquer directement et sans préalable à la modification des relations économiques avec l’extérieur (sortir de la dépendance) ;

- S’engager dans de nouveaux rapports sociaux internes (réorienter l’allocation du surplus au profit des producteurs ;

- Préserver l’écosystème (en s’appropriant la technologie).

Jordan MAYENIKINI